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Je veux vieillir avec toi et rester nous
Crédit: Dương Hữu/Unsplash

Voilà que nos magnifiques enfants grandissent de plus en plus, un peu trop rapidement à mon goût. Tout à coup, nous avons eu des temps libres, des instants de silence, des moments de calme durant lesquels nous avons enfin pu nous regarder dans les yeux et se voir vraiment. Ça faisait longtemps. J’ai un peu oublié qui tu étais mais, aussi, j’ai compris que nous devrions réapprendre à nous connaître. Nous nous sommes un peu perdus en chemin, mais ce n’est pas grave, nous nous retrouverons que nous nous disions…

Nous voilà donc neuf ans plus tard, avec un préado et un mini vraiment plus si petit qui sait lire et compter. Ils ont leurs amis, ils ont leur vie. Ils sont devenus ce que nous leur avons montré. Ils sont le résultat de notre nous. Par une chaude semaine d’été, ils sont partis quelques jours. C’était la première fois qu’ils nous quittaient tous les deux en même temps pour si longtemps. C’est là que nous nous sommes regardés vraiment. C’est aussi là que j’ai vu que tu avais de nouvelles rides autour des yeux et j’ai trouvé ça beau. Ça m’a donné le vertige, car je venais de comprendre que nous ne nous étions pas si souvent retrouvés finalement, pas autant que ce que nous nous étions promis. Comment avions-nous pu oublier quelque chose de si important? Peut-être à travers tous ces petits riens du quotidien, ces chicanes d’enfants et nos histoires d’adultes débordantes de fausses urgences.

Toujours est-il que ce matin-là, j’ai aussi réalisé que non seulement nos fils grandissaient, mais qu’un jour, ils partiraient. Ne resterait alors que toi et moi, nos rides et nos souvenirs. Je souhaite tellement que nous restions un nous, mais pas celui au passé. Je veux continuer de te voir vieillir avec moi, nous pourrions alors inventer un nouveau temps de conjugaison : le futur imparfait. Oui, c’est ce que nous deviendrons. 

Je souhaite que nous ayons plus de souvenirs que de regrets, plus d’amour que de rancœur. Je veux que nous refassions notre monde jusqu’à ce que nous soyons trop vieux pour nous le rappeler. Peut-être nous sommes-nous un peu perdus en chemin, à travers leurs pleurs, nos nuits blanches, le lavage et les cris, ma colère et la tienne ainsi que nos reproches souvent injustifiés, mais je crois fermement que nous n’avons qu’à retourner un peu sur nos pas pour nous rencontrer de nouveau.

En fait, nous avons seulement mis notre nous sur pause le temps de nous construire une vie à quatre. Ç’a été plus difficile que prévu de devenir cette famille et de faire le deuil de ce cinq qui n’arrivera jamais. Des hauts et des bas, de la fatigue, des doutes et des bonheurs comme jamais je n’aurais cru possible auront suffit à construire qui nous sommes aujourd’hui. S’il n’y a qu’une certitude, c’est que je souhaite prendre mon café en te regardant dans les yeux pour rappeler à ma mémoire tout ce chemin parcouru, peut-être parfois un peu éloigné, mais toujours côte à côte finalement. Et encore mieux, je veux regarder celui qu’il nous reste à parcourir avec une délectable anticipation.

Sommes-nous les seuls à s’être un peu perdus et retrouvés à travers la parentalité?

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