Récemment, ma collègue Nathalie Justine a publié un billet proclamant son amour pour Marilou, mais surtout son droit d’apprécier ce qu’elle veut sur Internet et de s’en inspirer comme bon lui semble, sans qu’on la juge.
Cet article a donné naissance à une myriade de commentaires sur les réseaux sociaux, notamment certains plutôt acerbes envers les « sales envieux » qui devraient « se trouver une vie ». Ça m’a un peu heurtée, car, même si ce n’est pas très plaisant d’avouer le « pas beau » qui nous habite, je dois le dire, je suis l’une de ces personnes envieuses.
Invidia, la racine latine du mot « envie », signifie « jalousie, haine ». L’envie est donc ce sentiment « de tristesse ou de haine qui vient du désir de posséder » ce qui est à quelqu’un d’autre.*
Dans mon cas, je ne ressens pas de haine envers les gens. Le malheur d’autrui ne me réjouit pas. Mais la tristesse, ça, je connais. Bien malgré moi, j’ai de la difficulté à être pleinement heureuse parce que j’ai souvent l’impression que tout le monde a plus ou mieux que moi.
C’est très lourd à porter. J’habite un quatre et demi que, d’ordinaire, j’aime à l’infini. Après avoir visité la belle maison d’une amie, je me sens à l’étroit chez moi.
Quand une collègue parsème les réseaux sociaux de photographies de ses enfants radieux récoltant leurs œufs frais chaque matin, ça me gruge de ne pas faire vivre autant de beauté rurale à mon bébé.
Sans le chercher, je me sens ainsi souvent remplie d’une amertume par rapport à ma vie. C’est que j’oublie trop facilement que ce que l’on possède n’est souvent rien de plus que le résultat de nos choix. La fille qui réussit à voyager constamment a travaillé dans le but de réaliser ce rêve-là. Elle a probablement sacrifié certaines choses que je ne serais pas prête à abandonner. Je ne serais donc pas nécessairement plus heureuse dans sa situation.
Pour éviter de ronger mon frein dans mon coin en me disant que ma vie est comme dans la toune de Lisa Leblanc, je mets quotidiennement en place des trucs pour me sortir de mon pattern.
D’abord, j’essaie d’observer, sans les juger, les émotions qui sont en moi. J’ai l’impression que c’est la première étape pour me comprendre. Ce petit pincement que je ressens peut être un indice que certains aspects me plaisent moins dans ma vie ou que j’aimerais obtenir quelque chose (que ce soit avoué ou pas).
Ensuite, si je peux lancer une action pour changer ce qui me dérange ou pour être plus satisfaite, je le fais. Bon, je ne peux pas avoir de poules sur mon balcon, mais watch out les beaux plants de haricots!
Crédit : Marie-Kristine Morin
Aussi, même si on m’a souvent dit, pour me consoler, que l’herbe n’est pas réellement plus verte chez le voisin, j’évite de penser au fait que les autres ont tous de mauvais moments et des malheurs, eux aussi. Il me semble que de mettre l’accent là-dessus n’aide pas vraiment.
À la place, je prends davantage le temps d’apprécier ce que j’ai et d’être reconnaissante pour ce que les gens et la vie m’apportent. Dire merci est une belle façon de cultiver le positif, de s’en draper.
Je pense qu’un jour à la fois, je réussirai, sinon à l’enrayer, à réduire la place que prend l’envie dans mon quotidien.
Et vous, travaillez-vous certains aspects de votre personnalité pour être plus heureuses?
*Selon la Banque de dépannage de l’Office québécois de la langue française