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Être enceinte en même temps que sa sœur, pas toujours la joie
Crédit: Kaz/Pixabay, Montage : Annie Nonyme

Quand nous étions plus jeunes, ma sœur et moi étions très proches. Nous venons d’une petite ville, il nous arrivait de fréquenter les mêmes endroits, le même monde. Par contre, il m’arrivait déjà de ne pas toujours appuyer ses décisions. Une fois devenues de jeunes adultes, il était clair que nos chemins allaient dans deux directions totalement opposées. Nous avons été élevées par les mêmes parents. Ils ont tenté de nous inculquer les mêmes valeurs. Et pourtant, nos personnalités sont foncièrement différentes.

Elle est carriériste : son travail est sa priorité. Ses besoins matérialistes justifient son acharnement. J’admire souvent son côté fonceur et sûre d’elle. Elle ne demande pas souvent l’opinion des autres. Elle est spontanée et impulsive.

Je suis plutôt l’inverse. Mon travail est important, mais pas prioritaire. Ce n’est pas par lui que je me définis. Mes valeurs sont tout autres. Il en découle que ma façon de raisonner diffère de la sienne.  Je suis empathique et chacune de mes décisions repose sur de longues réflexions et remises en question.

Malgré ce fossé entre nous, chaque fois que j’ai annoncé nos grossesses simultanées, j’ai eu droit aux mêmes réactions de la part de tout un chacun. Les gens étaient évidemment contents pour nous. Ils trouvaient ça dont cool qu’on fabrique des petits humains simultanément. Ça allait nous rapprocher, qu’ils disaient. Nous pourrions partager chaque étape de cette année qui s’annonçait remplie de rebondissements. Se rassurer. S’accompagner l’une et l’autre, vivant ces changements au même rythme. Et quand je dis au même rythme, c’est au sens littéral : nos dates prévues d’accouchement étaient dans la même semaine.

Vous voulez que je vous dise? Ç’a été tout, sauf ça. Il s’est installé une certaine rivalité entre nous sans qu’on le veuille. La pire crainte pour ma sœur était qu’on nous compare. Chose qui semblait inévitable à mes yeux.

Pour éviter cela, elle s’est renfermée. Genre, beaucoup. Quand je partageais une quelconque émotion négative du genre Je-suis-écœurée-de-vomir-ma-vie, elle, elle me répondait qu’elle n’avait jamais feelé aussi bien.  Le bonheur, quoi. Quand l’émotion était positive, du genre : « Ouhouuuu! On a acheté notre bassinette! » (aka moment bien spécial avec la venue du premier rejeton), j’avais droit à une sœur qui faisait la morte et qui ne répondait même pas à mon texto.

J’ai passé neuf mois à essayer de créer ce lien, si spécial, que #LesGens nous prédisait. Neuf mois à essayer de piquer l’intérêt de ma sœur envers ma grossesse. J’étais incapable de juste abdiquer parce que, pour moi, c’était important de savoir comment elle vivait ça. #MalFaiteCommeÇa

Bien sûr, il y a eu des redoux. Ce qui donne espoir à une relation meilleure. « Je t’appelle cette semaine. On va aller magasiner pour la chambre de nos bébés.» Et l’appel qui ne venait jamais.


Crédit : Giphy

Je ne pense pas qu’elle était pleinement consciente de ses agissements ni de l’impact de ceux-ci sur moi. Avec la force de caractère qui la définit, elle ne voulait probablement pas révéler au grand jour ses inquiétudes de future maman. C’est correct.

Par contre, j’ai encore une grosse crotte sur le cœur.

Nos enfants approchent de leur 1er anniversaire et ne se sont vus qu’une dizaine de fois. Notre entourage sait maintenant très bien qu’ils n’ont pas intérêt à les comparer. De toute façon, ils sont bien différents.

Cette situation m’attriste beaucoup. J’aime ma sœur profondément. Ma famille est importante, et ce, malgré nos nombreuses divergences d’opinions. Un jour, je lui en jaserai assurément, mais pour l’instant l’ouverture n’y est pas. 

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