Une bonne poussette, c’est vital pour nous. Il en va de notre qualité de vie. Mais nous sommes régis par des paramètres bien précis :
– Nous vivons au troisième étage d’un triplex;
– Notre entrée est minuscule, nos escaliers sont à pic et nous n’avons pas d’espace pour laisser notre poussette en bas;
– Été comme hiver, nous effectuons 90 % de nos déplacements à pied (nous n’avons pas de voiture, nous prenons rarement l’autobus, encore moins le métro);
– Nous sommes d’invétérés urbains et adorons sortir un peu partout, tout le temps;
– Le CPE se trouve à trois kilomètres de la maison;
– Mon fils ADORE faire sa sieste en poussette (il ne fait ses siestes QUE dans sa poussette);
– Nous avons un revenu modeste, alors la poussettes à 1100 $, ce n’est pas une option.
Mais voilà, soit nous avons vivement offusqué le Dieu Poussette dans nos vies antérieures, soit nous avons un karma (de poussette) vraiment épouvantable, soit nous sommes les pires tortionnaires que l’industrie de la poussette n’ait jamais connus, parce que ça fait six poussettes qu’on achète!
Enceinte et naïve, je ne me doutais pas de la complexité du merveilleux monde de la poussette. J’avais tout bonnement remarqué que plusieurs familles dans mon quartier poussaient gaiement des Quinny. Ma conclusion avait été rapide: il nous faut, nous aussi, une Quinny (avouez que c’est beau d’avoir de la personnalité!). J’ai remis notre sort entre les mains de mon vieil ami Kijiji pour nous en procurer une.
Dans ma tête, le dossier Poussette était réglé pour toute ma descendance à venir!
Mais rapidement, la Quinny ne roule pas rond en plus de se mettre à faire des crevaisons à répétition (oui, j’ai fait trois flats de poussette!). Sa conduite devient rapidement impossible en raison du mauvais entretien des anciens propriétaires. Après des semaines à mépriser notre moyen de transport et le bris d’une gogosse de plastique qui permet de déplier et plier facilement la poussette, nous nous rendons à l’évidence : c’est la fin de la Quinny Buzz.
Une amie a pitié de nous et nous donne sa vieille Quinny Zapp. Rien de très glamour, mais ô combien salvateur. Entre chacun de nos essais de poussette, c’est elle qui nous sauve la vie. À ce jour, elle est la seule poussette à nous résister (mais pour combien de temps encore???). Merci Quinny Zapp! Elle n’est cependant pas adaptée à notre mode de vie étant loin d’être quatre saisons et ne s’inclinant pas pour la sieste.
Système D.
Acte 3 : La Baby Jogger (le mélodrame commence)
Nous avons fait nos devoirs parentaux et avons magasiné intensément et intensivement notre nouvelle poussette pour finalement choisir la Baby Jogger City Mini GT. C’est le paradis!
Mais l’idylle ne dure que cinq mois alors nous constatons que la corrosion a déjà sauvagement endommagé la roue avant. Et la rouille CE N’EST PAS COUVERT PAR LA GARANTIE!
Après 6 mois, on nous dit que nous avons été négligents…
S’en suit une lutte à finir avec le commerçant (qui se dit impuissant) et le fabricant (qui nous traite de négligents). Nous faisons valoir la garantie légale, tentons de négocier, d’argumenter, de nous fâcher et de faire pitié pour finalement menacer de mettre en demeure vendeur et distributeur (menace que nous avons mis à exécution sans plus de résultat). À bout de souffle et de patience, nous remplissons une requête en petites créances.
MIRACLE! Le commerçant décide alors (magnanime, il va sans dire) de nous rembourser!
N’empêche, nous avons déboursé près de 100 $ en frais pour nous faire rembourser une poussette à 500 $ taxe incluse et continuer de se promener en Quinny Zapp!
Bumbleride, c’était notre deuxième choix. J’ai en trouvé une sur Kijiji d’une laideur innommable, mais à un prix défiant la gravité. Naïve comme toujours, je cours la chercher.
D’apparence hideuse, mais semblant rouler correctement, je fais le deuil de mon style impeccable (ironie) et repars fière de ma bonne affaire.
Erreur! Une fois ma progéniture bien sanglée à l’intérieur, nous réalisons qu’elle aussi, elle ne tourne pas rond. Nous courrons chez Ciconia sur Laurier, détaillant de la Bumbleride. Ils ont pitié de nous (eux aussi) et tentent par tous les moyens de nous rendre cette Bumbleride agréable. Mais notre poussette souffre d’une malformation congénitale insoupçonnée et incurable. Leur soutien moral et technique indéfectible nous a tout de même été du plus grand des secours et grâce à eux, nous avons pu nous promener tout un été avec notre horreur roulante. Jusqu’à ce qu’une pièce de plastique du cadre brise soudainement.
Misère!
C’est reparti pour le magasinage. On ne sait plus quoi faire. Une autre Baby Jogger? PLUS JAMAIS CETTE COMPAGNIE! Une autre Bumbleride, oui, mais chère… Nous n’avons plus beaucoup d’autres options en dehors de la Thule (trop grosse) et de la Mountain Buggy Swift. Cette dernière est, sur papier, parfaite. Tout-terrain, petite, légère, se plie d’une main, tient debout toute seul, avec des roues pas trop grosses et gonflables, un panier pratique…
L’essai dura en tout 20 minutes. Le temps de mettre notre enfant dedans (et qu’il s’y endorme!) pour se rendre compte qu’à seulement deux ans, ses pieds dépassent du marche-pied et sa tête touche le toit.
Bonne jusqu’à 4 ans, vraiment???
Nous n’en pouvons plus. Juste plus.
Et parce que les deux papas de Ciconia ont été si patients, gentils et emphatiques avec nous, il ne fait plus de doute pour nous que notre erreur, dès le début, a été de ne pas acheter cette Bumbleride chez eux.
Et nous l’aimons cette Bumbleride! Elle se conduit d’une main, se monte dans les escaliers sans trop d’effort et a un design simple et efficace qui nous permet de vivre toute l’année avec.
Épilogue
Notre mélodrame de poussette nous laisse un goût amer et un certain traumatisme! Nous en sommes venus à penser, un jour gris de désillusion, que les poussettes étaient aujourd’hui destinées à un usage de centre d’achat (à moins d’avoir une poussette en forme de tank). Je ne sais plus trop quoi penser de cette industrie. Mais à partir de maintenant cependant, je sais pourquoi je suis prête à investir davantage dans les produits qui sont importants pour notre qualité de vie familiale et surtout, que je veux faire ces achats dans les commerces indépendants locaux.