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Maman, je suis lesbienne
Crédit: Kevin Dooley/Flickr

C’était il y a plus de quatre ans. Je m’en rappelle comme si c’était hier. Je sortais d’une relation malsaine avec un gars. Par un soir doux du mois de mars, j’ai décidé de dire la vérité à ma mère.

Nous marchions, elle et moi, avec nos deux chiens. J’avais la chienne et un petit mal de cœur. Je ne pouvais m’empêcher de penser « Et si elle me jette dehors? » On voit des milliers d’histoires comme ça sur Facebook. Le cœur voulait me sortir de la poitrine. Je me suis lancée.

« Maman, je suis lesbienne. »
 
En silence, elle a levé les yeux vers moi, m’a regardée et s’est mise à rire. Moi, j’étais figée. Elle m’a dit qu’elle me croirait si, à Noël, cette fille était encore là. Fin de la discussion. Nous avons poursuivi notre promenade comme si rien ne s’était produit. La seule chose qu’elle m’a demandée, c’est de ne pas embrasser de fille devant les voisins. Il s’est fait comme ça, mon coming out. Loin du glamour et des paillettes. 

Je n’ai jamais été très proche de ma mère. Elle a toujours été le parent responsable de la discipline. La relation ne s’est jamais vraiment créée entre nous deux. Je ne lui ai jamais parlé de mes problèmes d’ado. Elle n’a jamais cherché à savoir ce que je vivais. Je pense que ça ne l’intéressait pas vraiment. Et moi ça faisait mon affaire qu’elle ne me questionne pas. 

Pour mon orientaiton sexuelle, c’était différent. J’étais de retour chez elle suite à ma séparation. Mentir et inventer des histoires ne m’intéressaient pas. J’ai fait le choix de lui dire. 
 
Quand j’y repense, ça me fait un peu de peine. Elle n’a pas voulu en savoir plus sur mon cheminement. Encore aujourd’hui, elle ne démontre pas d’intérêt pour ce sujet. Je ne sais pas si c’est par malaise ou par manque d’intérêt. Nous n’avons jamais reparlé de mon coming out
 
Quatre ans plus tard, c’est à mon tour d’être maman. J’ai envie d’être une mom différente de la mienne. J’aimerais offrir à mon fils un safe space pour lui permettre d’être lui-même. Qu’on puisse jaser sans qu’il ait l’impression que je trouve ses histoires futiles. Quand le temps viendra, j’espère qu’il me fera des cachoteries d’ado. Pas par peur d’être jugé, mais juste parce qu’il ne nous trouve pas cool. Comme tous les ados.
 
Pour ce qui est de ma mère, son amour inconditionnel pour mon fils me fait du bien. Je sens qu’elle accepte mieux mon homosexualité. Après tout, bébé est le fruit de l’amour entre ses deux mamans. Et cette fille, pour qui j’ai fait mon coming out il y a quatre ans? Ma mère l’appelle affectueusement « Ma Gendre » et mon fils « Maman ».

Et vous, avez-vous déjà eu de la difficulté à vous affirmer auprès de vos parents?

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