On a tous une idée du genre de parent qu’on souhaite devenir, de la même façon qu’on se projette en tant qu’adulte quand on est ado. Dans les deux cas, la vision d’horreur qu’on souhaite éviter à tout prix, c’est la matante. Ou le mononcle.
Je voulais être une mère cool. Compréhensive, « parlable », toujours calme. Une mère qui ne travaillerait pas trop pour passer plein de temps avec ses enfants. J’allais voyager avec mon clan. Je ne serais pas une chiâleuse. Je ne sacrifierais jamais le plaisir. Je ne laisserais pas le pratique contrôler mes choix et mon quotidien. Bref, je vivais dans une publicité de voiture ou de shampoing.
Et là, 15 ans plus tard, je m’écoute parler, pis des fois, je me trouve matante. Le processus a été enclenché.
De l’extérieur, ça paraît pas. En fait, ça surprend les gens quand ils apprennent que j’ai déjà eu le temps d’avoir trois enfants. Sûrement parce que je m’habille encore comme quand j’avais 20 ans. (Ben, presque. Je ne porte plus mes jeans publiquement quand ils sont pleins de trous maintenant.) Mais dans ma tête, je me trouve souvent pas cool ni parlable. Et surtout, j’ai laissé entrer le pratique dans ma vie, je suis ensevelie sous les responsabilités, je pense souvent à mon lavage. J’ai hâte que les enfants se couchent.
C’est pas chez nous, mais je suis vraiment pleine de compassion pour les gens coincés
dans leur maison par une trop grande quantité de linge plié pas encore rangé.
Crédit : Eden, Janine and Jim/Flickr
Pis le pire, c’est que je trouve ça correct. God, je vieillis. Maintenant, je comprends pourquoi les matantes sont des matantes.
Socialement, on valorise beaucoup la jeunesse. On dit que personne n’est vieux tant qu’il a son cœur d’enfant. Le mien, je le cherche. Ou peut-être que je suis trop fatiguée pour le trouver. Les anniversaires d’enfants m’épuisent. J’aime les jeux calmes. Ça y est : je suis plate.
C’est peut-être une passe. On se dit ça quand les enfants sont difficiles : c’est une passe. Je mets ça sur la fatigue. Mais si jamais je retrouve la forme à quarante ans, que je me mets à sortir et à faire la folle, on va me dire que je suis dans ma crise de la quarantaine, que je suis un peu pathétique et… que ça va me passer. Hein.
En même temps, jamais je retournerai dans le passé. Je trouve un certain confort dans l’état de matante. Tout ça finalement, c’est une ode aux matantes que je fais. Et aux mononcles. Rien de mieux qu’un père qui assume son statut de père. Pis, si le père de mes enfants se décidait à me proposer plein de folies, je ne suis pas sûre que je serais capable de le suivre!
En fait, il s’agit d’être bien avec la vie qu’on mène. Pour vrai, ma façon de ne pas tomber dans le pattern de parents plates (c’est un peu ça, une matante hein?), c’est de continuer de faire des choses qui me passionnent, et d’intégrer mes enfants au maximum. Je voudrais quand même pas que les petits gardent de moi une image de bonne femme qui plie du linge en râlant (c’est pour ça dans le fond que je plie pas vraiment mon linge).
Suis-je la seule?!