J’étais sur un club de mamans l’autre jour, quand mon cœur a fait 1 000 tours. La question allait comme suit : « Aux mamans en couple. Mamans monoparentales s’abstenir de répondre. Si vous aviez à vous séparer, auriez-vous l’impression d’avoir gâché votre vie? » Mon cœur s’est définitivement arrêté quand j’ai vu que la majorité des réponses étaient OUI.
Pourquoi? Parce que je fais partie de ces mères qui auraient soi-disant gâché leur vie : je suis une mère monoparentale. Eh oui! J’élève un enfant seule. Je me suis abstenue de répondre, tel que demandé. Mais la question m’a tournée dans la tête durant plusieurs jours. Si je me fie à l’image type de la réussite selon la société, soit diplôme-carrière-maison-mariage-bébé… J’ai 1 sur 5 comme résultat. Ma vie, je l’ai ratée plus qu’à moitié. C’est ben assez pour pleurer en boule dans un coin. #Not.
J’ai pas du tout ce sentiment. Les gens m’ont souvent demandé pourquoi je n’avais pas essayé plus longtemps avec le père de Fiston. La vérité c’est que j’ai essayé. Beaucoup. Mais il faut voir les deux côtés de la médaille. Rester avec une personne avec qui ça ne fonctionne plus, quand il n’y a plus d’amour, plus d’espoir, pour moi c’est ça gâcher sa vie. Je mérite mieux que des chicanes sans fin. Et mon fils aussi. Il ne mérite pas de vivre avec deux parents qui n’arrivent pas à s’entendre, qui n’arrivent pas à lui donner l’image de deux parents en amour.
Je côtoie beaucoup de mères monoparentales. Et aucune d’elles ne sont dans l’échec. Elles sont, au contraire, des modèles pour moi. Il y a une grande force et beaucoup de courage qui se dégagent de ces femmes. Certaines ont la chance d’avoir le père proche et impliqué, d’autres pas. Qu’importe les cas, être monoparentale, c’est souvent synonyme de tout faire seule. C’est aussi ne pas avoir un autre parent pour avoir une pause les jours où la patience se fait rare (voir absente). C’est voir et entendre un paquet de jugements. T’sais #LesGens. C’est se faire refuser des emplois parce que l’employeur ne veut pas dealer avec les absences et les horaires compliqués. C’est se faire traiter d’égoïste quand nous décidons de nous choisir et de s’offrir du temps pour nous. C’est d’imposer son enfant à ses amis(es) dans des sorties parce qu’on n’a pas de gardienne. Je dis pas ça parce que les mères monoparentales font pitié. C’est seulement une autre réalité. Et cette réalité n’est PAS synonyme d’échec.
Ma séparation n’a pas été facile. Ça a pris des années avant que son père veuille s’en occuper adéquatement. Ça a pris tout autant d’années avant que nous arrivions à nous entendre sur un modèle de garde avec la distance qui nous sépare. Mais je sais que j’ai pris la meilleure décision. Je suis tellement plus épanouie maintenant. Non, je n’ai pas pu lui donner une famille qui inclut son père, mais je lui donne toute une sacrée maman. Je lui apprends à faire des compromis. Je lui montre chaque jour depuis 4 ans, que justement, la vie ne s’arrête pas à un obstacle. Que ce n’est pas parce que quelque chose ne fonctionne pas, comme une relation, que c’est automatiquement un échec. Mais je lui montre surtout qu’on peut TOUJOURS se relever et être plus fort. Et ça, je suis fière en tabarouette.
Et au-delà de toutes ces choses, c’est notre relation dont je suis le plus fière. Je suis persuadée que notre relation serait différente si j’étais toujours avec son père. Le fait de l’élever seule la rend unique et particulièrement solide. Nous sommes une équipe, comme il dit du haut de ses 5 ans et trois quarts. Nous partageons tout. Nous avons une grande communication et nous n’avons aucun secret l’un pour l’autre.
Et ce qui est extraordinaire avec ça, c’est que mon fils comprend que je suis une maman seule. Et surtout, il n’en a pas honte. Au contraire. Je vois la fierté dans ses yeux grandir chaque jour.
Ma réussite, elle est là.
Crédit : Marie-Pier Séguin