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« Maman, j’ai un secret à te confier.» Partie 1
Crédit: Nikos Roussos/Flickr

C’était un matin bien gris de décembre, un petit mardi routinier d’école. Je me préparais à aller mener mon combat quotidien pour réussir à extirper ma fille de son lit, à coup de phrases motivantes ou de consignes contraignantes. (Il est important de préciser ici que mademoiselle a toujours souvent tendance à lire en cachette jusque tard dans la nuit, rendant ses réveils un tantinet douloureux.) Toutefois, ce matin-là, elle était différente : elle s’est levée et habillée sans dire un mot.
 
Je n’ai donc pas été surprise lorsque j’ai reçu un appel de l’école, en début de matinée.
Ce n’est pas chose rare et la secrétaire connaît assurément mon numéro de cellulaire par cœur. Ma grande est très anxieuse. Elle ressent souvent des maux de tête ou des douleurs abdominales qui lui donnent envie de se sauver en courant et de revenir en sécurité, auprès de sa maman. #TravaillerDeLaMaison #LuckyMe 
 
D’ordinaire, lorsque je juge qu’il est préférable qu’elle quitte l’école, ses bobos disparaissent comme par magie dans les quinze premières minutes qui suivent son arrivée. Ce mardi-là était étrange. Les douleurs abdominales ont perduré. Ma fille ne s’endurait dans aucune position et se promenait dans notre logis telle une girouette.
Mon énergie s’effritait proportionnellement aux minutes qui s’écoulaient. C’est loin d’être évident d’accompagner une préadolescente inquiète qui se sent envahie par son état.

     — « Ma grande, je comprends très bien que tu puisses mal te sentir physiquement, mais je ne comprends pas comment tu te sens sur le plan de tes émotions. Est-ce qu’il y a quelque chose que tu ne me dis pas? 
     — Maman, j’ai un secret à te confier. Ça me fait très peur de te le dire, car je sais que tu seras fâchée contre X. »

(Précision importante : X est un garçon qui a sept ans de plus qu’elle. C’est un ancien ami de la famille que nous ne fréquentons plus depuis cinq ans.)
 
L’espace d’un instant, j’ai fermé  les yeux. C’est à ce moment que je l’ai aperçue : la gigantesque brique de ciment qui se dirigeait sur moi. J’ai immédiatement compris que je n’avais que deux choix : soit la recevoir en plein front et m’écrouler par terre, soit la saisir en plein vol, en mettant à l’œuvre toutes mes forces insoupçonnées et la déposer doucement au sol. #MomsPower #Adrénaline
 
     — « Quand j’étais en maternelle, X a fait l’amour avec moi. » 

Je l’ai attrapée, la fameuse brique, au vol, même si elle était terriblement lourde. Toutefois, j’ai dû la soutenir pendant plus de deux semaines, peuplée de cauchemars et de pensées culpabilisantes, avant de réussir à la déposer pour de bon.

Une mère a pour but premier de protéger ses petits et de leur éviter des douleurs inutiles, par la prévention ou l’évitement. Cette humaine imparfaite, ni omniprésente, ni omnisciente, doit aussi réaliser que l’impensable et l’intolérable peuvent quand même se produire. Maman doit alors être rassurante et sécurisante, en trouvant les moyens de réparer les dommages et de guérir les blessures du cœur.
 
                                                                                              À suivre… 

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