Je fais partie de ces femmes qui ont eu une grossesse compliquée. En vrai, j’utiliserais des mots d’excréments pour vous la décrire. De nombreuses hospitalisations, suite à de nombreux décollements placentaires et des douleurs insupportables, peut-être pour me rappeler de prendre ma pilule comme il faut la prochaine fois. #JokeNoJoke
J’avais beaucoup de difficulté à en parler à ce moment, mais j’étais vraiment malheureuse durant ma grossesse. Un bébé non planifié, une grossesse à risque, une famille à l’autre bout du Québec, un couple qui essaie de gérer le tout. Bref, ce n’est pas comme ça que je pensais que ça se passerait.
Juillet 2014, j’ai d’atroces douleurs depuis le début de ma grossesse. En règle générale, un décollement placentaire arrive très tôt dans la grossesse ou vers la fin. Dans mon cas, c’est le lendemain de mon écographie de 20 semaines – pendant laquelle on me dit que tout est parfait – que je vis mon premier saignement. En règle générale, avec du repos, tout peut rentrer dans l’ordre et le reste de la grossesse peut se passer sans encombre. Dans mon cas, dès qu’on me laisse sortir de l’hôpital après 48 heures sans saignement et un petit cœur qui va bien, ça recommence de plus belle.
Je vis constamment dans le stress. Personne ne peut me dire quelles sont les chances que ça se passe bien pour nous. Mon décollement est partiel, ça pourrait être pire. Et moi, j’ai peur, terriblement peur de perdre mon bébé. Ce serait de ma faute après tout, puisque je ne l’ai pas désiré du plus profond de mon cœur ce petit bébé.
Comme il n’y a pas d’unité de grossesse à risque à l’hôpital où je suis, on m’installe dans une petite chambre à l’étage de maternité. J’ai le droit de me lever pour faire pipi. J’ai droit à un shampoing sec et une débarbouillette. Rien pour remonter le moral, mais c’est pour mon bébé. Je m’accroche à cette pensée.
Je suis contente d’avoir une chambre à moi toute seule. J’entends tout ce qui se passe sur l’étage. Les femmes qui sont rentrées à la maison, celles qui donnent tout ce qu’elles ont pour faire sortir leur bébé de leur cachette, les équipes qui se précipitent vers la salle d’opération et les bébés pleins de santé qui découvrent leur puissante voix pour la première fois. J’aperçois même par la porte ouverte les papas qui promènent leur poupon avec le regard plein d’amour.
Chaque matin est un jour de plus pour que mon bébé grandisse. Chaque matin est une réussite. Je nous donne des objectifs à atteindre. À 26 semaines, le nouveau décollement placentaire inquiète et on décide d’appeler ma limousine-ambulance pour me transférer au CHUL. Je trouve que l’attitude du personnel a changé. Avant, ils semblaient plus ou moins croire en nos chances. Maintenant, ils s’inquiètent.
Une nouvelle pensée à laquelle m’accrocher, mon bébé aura des chances de vivre maintenant.
Et vous les mamans, comment se sont passés vos premiers mois de grossesse?