Dans les choses que j’avais hâte de faire avec ma fille, il y avait oui, écouter Danse Lascive et apprendre la chorégraphie de Single Ladies, mais surtout, partir en voyage avec elle. Souvent. Assez souvent pour qu’elle ne voit aucune limite à ce monde qui est le sien. Ce monde qu’elle peut prendre au complet, parce qu’il est tout à elle. Je veux qu’elle ait cette conviction et cette curiosité.
On l’a fait. Avec chacun nos valises, on est parti en amenant (trop) de linge : nos converses pour échapper à l’hiver, des doudous en extra et des mini-jouets. Pendant un mois, on a arrêté d’exécuter pour juste vivre. Un mois dans un char qui nous servait de bulle de famille, de rires, de quelques obstinations de chemin, de liberté, de découvertes d’ailleurs et de désir de plus loin.
C’est comme ça que l’on s’est ramassés dans le grunge de Seattle mêlé à l’odeur de poissons. Les endroits trop cools de Portland avec son resto de pâtes où Joséphine a foutu le bordel. La Floride et son premier contact avec le sable et sa première puff d’océan. Son wow devant le Golden Gate Bridge, un pur adon. Sa première fois à vélo avec en background le swag de Venice et la grande roue de Santa Monica.Les puffs mangés pendant qu’on roule en zigzag sur la 1 avec les plus beaux paysages du monde. Le coucher de soleil je sais plus trop où, les pieds dans le Pacifique et les sourires qui survivent au crépuscule.
On est parti pas trop nerveux, en se disant, qu’on s’ajusterait au fur et à mesure. On roulait à l’heure des siestes. On se faisait des pique-niques un peu partout. On traînait ben des bananes parce que ça se mange bien en voiture et c’est consistant, t’sais. On jouait à cache-cache dans les boutiques que je voulais visiter et regardait le Roi Lion sur mon téléphone en attendant notre pizza à 50$ à Oakland. (je n’ai d’ailleurs toujours pas digéré le prix!) On a façonné notre itinéraire à partir de bébé fille avec le plus gros désir d’être ensemble. Parce que c’était le but précis de ce voyage : être tous les trois, non-stop. Voir si on était auto-suffisant. On a choisi comme prétexte de prendre l’avion et d’aller à l’autre bout du continent. Ça peut paraître sauvage mais nous voulions être ben certain de ne pas être dérangés par nos habitudes. On voulait se couper des problèmes à la job, des inquiétudes de la famille, des programmes plates qu’on regarde pas vraiment à la télé, du ménage à faire. Bref, on voulait se couper du quotidien qui prend la tête et qui fait que des fois, nous nous voyons toute la journée mais nous ne nous regardons pas vraiment.
Depuis que je suis arrivée, les gens me demande : « Marie, qu’est-ce que tu as aimé le plus? »
À travers le grunge de Seattle, les côtes de San Francisco, les paysages trop beaux pour être vrais de la Pacific Coast Highway, le dôme boho de Joshua Tree et la vie écolo de notre tiny house à Portland, je me suis rendue compte que mon endroit préféré, c’était dans les bras de ces deux-là. Simple comme ça.