Ma fille m’appelle « maman ». Je m’appelle « maman ». D’ailleurs, je m’appelle tellement « maman » que lorsque je suis seule, je m’entends dire « bon, maman n’a plus faim ». C’est décourageant, à la limite du ridicule. Ou à la limite de la folie. Je pense que je suis trop maman justement. Ça se peux-tu ça?
J’occupe 100 % de mon temps en m’occupant de ma fille par différentes façons, mais d’une seule facette : celle de la mère qui parle aiguë et qui chante « maman les p’tits bateaux ».
Je mets du linge pratique et confo de maman : des leggings du Wal-Mart pis des chandails ben lousses et ben longs. En-dessous, j’ai des bobettes de cotons pis une brassière d’allaitement. Je me fait même des couettes pratiques de maman dans mes cheveux pas-de-coupe. Quand je me sens ben wild, je garde mes cheveux détachés. Pis après ça je regrette parce qu’il y a de la statique dedans. Pis je chiale.
D’ailleurs, chialer fait partie intégrante de ma vie maintenant. Je ne chiale pas après ma fille, là. Je chiale après mon chum pis les chats.
C’est difficile d’être la maman que je veux être tout en étant une femme. C’est comme si de donner une portion de moi à mon rôle de femme et mon rôle de blonde enlevait à ma fille la portion la plus importante de son monde à elle. C’est comme si, dans ma tête, je la négligeais en pensant à moi. Faut que je me dise qu’elle ne deviendra pas nécessairement malheureuse ou traumatisée si je me suis permis de sortir en robe, les cheveux lousses pis une brassière push-up durant une soirée. Sauf que, quand je reviens chez nous, après l’une de ces soirées, mon rôle de femme me quitte quand j’enlève ma belle brassière.
J’aurais envie de m’appeler plus souvent Myriam pis être aussi la blonde de mon chum. J’aurais envie d’être une bonne amie, celle qui appelle et qui invite. Celle qui sort au resto à l’heure du bain. Celle qui boit une bouteille de vin sans penser à son lait et qui mange du tartare de saumon au complet devant un film. Celle qui prend le temps d’écouter un film.
Tranquillement, j’arrive à envisager de nouvelles possibilités de m’épanouir en tant que personne tout en me disant que ma fille ne me le reprochera pas plus tard d’avoir pensé un peu à moi. C’est un long cheminement, mais d’ici 2023, je devrais être déjà plus équilibrée.
Comment exploitez-vous votre rôle de femme au quotidien?