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La pauvreté temporaire
Crédit: Annie Nonyme

Dans ma boule de cristal, je vois un avenir prospère pour nous qui serons devenus de vrais adultes. De vrais adultes avec des emplois qui donneront accès à un salaire enviable et à des assurances dentaires. Un jour, nous aurons sans doute une maison. Un jour.

En attendant, nous sommes pauvres. Je ne suis pas à la rue, je ne manque de rien. Ma famille est correcte, nous mangeons tous les jours. Malgré tout, cette pauvreté temporaire est lourde. Elle l’est d’autant plus que les gens qui m’entourent ne la voient pas, cette pauvreté.

Mon linge est joli. Je refais ma garde-robe avec des échanges de vêtements entre amies. Des amis de la famille nous donnent le linge rendu trop petit pour leur marmaille et c’est mon enfant qui le porte. Notre quartier est sympathique et notre appartement, quoique petit, est confortable. Je vais chercher des fruits et des légumes dans les services d’aide alimentaire et je cuisine beaucoup, donc nos assiettes sont pleines de vitamines.

Je m’arrange, pis c’est correct.

Mais ce sont les petits mensonges quotidiens qui égratignent mon orgueil.

« Ah, je vais venir avec vous au café pour me dégourdir les jambes, mais je ne prendrai rien. Je n’ai pas faim. » 

« Je n’ai pas de gardienne pour aller au cinéma, on se reprendra! »

Quand nous nous planifions une sortie, c’est souvent dans des trucs gratuits. Les rares fois où nous allons au resto, mes yeux scannent pour trouver le plat le moins cher, souvent une entrée fait l’affaire.
C’est temporaire, un jour, nous aurons des emplois qui nous donneront une liberté financière.

En attendant, cette pauvreté temporaire n’est pas si pire. Je me plains un peu la bouche pleine parce que je SAIS que je suis loin d’être la pire. Je mange beaucoup de pâtes, mais je mange tous les jours.

Mine de rien, j’ai hâte de sortir de cette situation.

Avez-vous déjà vécu une pauvreté d’un temps?

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