La première fois que cette question m’a été posée, je venais tout juste d’entrer chez TPL Moms à titre de collaboratrice. Une journaliste à la radio avait qualifié les chroniqueuses de TPL Moms de mamans féministes. Peu de temps après que l’entrevue soit apparue sur les réseaux sociaux, les lectrices de mon blogue personnel m’ont demandé de prendre position.
J’aurais préféré me défiler de cette question, sachant que d’un bord ou de l’autre, ma réponse ne serait pas la bonne et causerait un débat. Comme si à cette question, il n’y avait pas de juste milieu. Tu l’es ou tu l’es pas pantoute.
Si tu l’es, dans l’imaginaire collectif, tu es une femme en quête de pouvoir au détriment des hommes. Si tu ne l’es pas, tu es à la merci des hommes. Je ne suis ni l’une ni l’autre. Je ne suis pas celle qui exige la parité homme femme au détriment des compétences. Je suis d’avis que c’est le plus compétent qui devrait avoir la job, par exemple. Le genre, l’orientation sexuelle, la religion ou la couleur de peau ne devraient jamais jouer dans la balance. Un individu ne devrait jamais vivre de la discrimination pour quoi que ce soit. Les compétences doivent primer, c’est tout!
D’un autre côté, j’ai mis fin à ma carrière lorsque j’ai su que ma fille allait avoir besoin fréquemment de divers suivis médicaux. Je suis une ex-workaholic, une carriériste qui a tout quitté pour son enfant. Puis-je encore me dire féministe? Je le crois, oui.
Pour moi le féminisme, c’est d’avoir le choix, d’être maître de ses choix. C’est d’avoir l’opportunité et les chances égales de pouvoir faire des études supérieures et d’occuper un poste de gestion, si c’est ça qui vous fait envie. C’est d’avoir le droit, du jour au lendemain, de passer de carriériste avec plusieurs employés sous sa direction à maman au foyer qui court les rendez-vous de sa fille avec le physiothérapeute, l’ergothérapeute, l’orthophoniste, name it.
Je ne suis peut-être pas digne du statut de féministe si ce dernier se résume à la carrière. Par contre, si d’être féministe est de se tenir debout pour ses convictions, yes I am. Je ne suis peut-être plus une femme de carrière, mais je suis à coup sûr une mère qui a remué ciel et terre pour sa fille, sans la permission de quiconque.
Ma fille, dans toute sa différence, a fait de moi une battante. Je le dois à des femmes, comme ma grand-mère, qui ont su affronter le curé du village qui les accusait d’empêcher la famille. Je le dois à toutes celles qui ont jeté leur soutiens-gorge et celles qui ont contribué à la première et seconde vague du féminisme. Je le dois à toutes celles qui ont osé parler alors qu’il fallait se taire par respect de leur père ou de leur mari.
Je suis féministe, car je connais l’histoire de ma grand-mère et celle de ces autres femmes et que je reconnais leur combat. Et que je me bats, à ma façon, pour faire changer les choses.
Féministe? Oui, je le suis!