Le congé de maternité, pour moi, c’est une espèce de Twilight zone. T’es en congé, mais t’es loin d’être en vacances. T’as un emploi, mais tu ne travailles pas au sens propre du terme. Ta vie professionnelle est en pause, mais tout le reste de ta vie ne l’est pas.
D’un point de vue professionnel, je trouve ça rough être en congé de maternité. J’ai beau vraiment adorer être à la maison, une partie de moi a quand même l’impression de regarder le bateau passer pendant un an.
Maintenant que j’ai des enfants, je dois avouer que j’en doute parfois.
Au début du mois de février, pour la troisième fois depuis l’automne, j’ai reçu un courriel de la part d’un recruteur. Un petit courriel pour une prise de contact, pour savoir si j’étais intéressée par un appel exploratoire.
Pour la troisième fois depuis le début de l’automne, j’ai répondu que je serais très heureuse de discuter de mon parcours professionnel et de tout ce que j’ai à offrir, et ce même si je suis présentement en congé de maternité pour quelques mois encore.
Et pour la deuxième fois depuis le début de l’automne, on a jugé bon de tout simplement ignorer mon courriel.
Je comprends que je suis en congé de maternité, mais bazouelle, j’existe encore! Je pense au moins mériter une réponse politiquement correcte pour me dire qu’on va me recontacter lorsque je serai disponible pour travailler, non?
Le fait que deux de mes réponses aient été totalement ignorées, ça me fâche. C’est 66,66 % des recruteurs. C’est pas un sondage Léger marketing, c’est loin d’être scientifique, mais ça me fait chier, des statistiques de même.
Ces statistiques, pour moi, elles insinuent que parce que j’ai des enfants maintenant, je ne mérite pas la même attention qu’une femme qui n’en a pas. Que je ne mérite même pas les formules de politesse qu’on est censé utiliser en société. Que ma condition de femme en congé de maternité a fait de moi un citoyen de second ordre.
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J’essaie de me convaincre que c’est une coïncidence. Que ces recruteurs ont tout simplement oublié de me répondre, que ça a été fait innocemment de leur part. Malgré cela, depuis quelques semaines, j’ai un goût amer en bouche.
En ce moment, quand je regarde en l’air, je le vois, mon plafond de verre. Faut croire qu’il paraît plus quand il y a des traces de doigts d’enfants dedans.
Suis-je la seule à avoir l’impression qu’avoir des enfants a malgré moi réduit mes perpectives professionnelles?