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Parcours d’une infertile inexpliquée
Crédit: Konstantin Lazorkin/Flickr

Après 7 ans de vie de couple, nous avons fait le grand saut. Nous allions avoir un bébé. C’est avec confiance et excitation que nous nous lancions dans l’aventure.

Après l’arrêt de la contraception hormonale, mes menstruations sont revenues assez rapidement. Mes cycles étaient réguliers à tous les 28 jours. Les mois passaient et mes règles revenaient à chaque fois, avec une régularité frustrante. Les anglais débarquent. La rivière est rouge. Matante Rosie vient nous rendre visite. Le clown saigne du nez! Appelez ça comme vous voulez.

Reste que ne s’inscrit pas en clinique de fertilité qui veut. Ça prend une référence pour avoir droit à une place sur la liste d’attente. Au bout d’un an d’essai sans succès, je me sers d’un assez gros rhume comme excuse pour me rendre dans une clinique sans rendez-vous et en profiter pour en parler à un médecin. Elle me signe une référence vite fait sur le coin du bureau, avec l’air découragé du doc’ qui n’a pas que ça à faire.

Quand on a enfin notre première rencontre en clinique de fertilité au CHUL, on accumule les déceptions. Tous les résultats de prises de sang sont normaux. Les tests d’ovulation sortent positifs à chaque cycle, en concordance avec mes courbes de température. Je suis même capable de sentir mes ovulations, au point où je peux annoncer de quel côté j’ovule quand j’entre dans la salle pour passer mes échographies folliculaires.

Après quelques cycles de suivi, on me prescrit une hystérosalpingographie pour vérifier si mes trompes sont bouchées. C’est tout de suite après m’être fait injecté un produit de contraste directement dans l’utérus que le médecin vient me voir avec enthousiasme : « Tout est normal! » Les épaules me tombent. Elle semble mal à l’aise. « T’as l’air déçue… ». D’une certaine façon, oui, je suis déçue. J’ai désespérément besoin d’un coupable. J’ai besoin de rejeter la faute sur quelque chose, mais je n’ai rien sur quoi cogner.

Chaque mois, les mots « infertilité inexpliquée » reviennent et font de plus en plus mal. J’ai l’impression d’en vouloir à la terre entière. Chaque nouvelle grossesse dans mon entourage me fait royalement chier de la peine. Je n’arrive même plus à être heureuse pour mes ami-e-s ou membres de la famille qui accueilleront bientôt un tout petit bébé tout neuf. J’en ai assez de répondre aux questions de mon entourage qui se renseigne sur nos démarches. Et encore plus des conseils qui viennent avec celles-ci. Même si c’est dit avec les meilleures intentions du monde.

 

Commencent ensuite les inséminations. Après les lavages, le spermogramme déjà normal frôle la perfection. La première a été la plus grosse déception que j’ai vécue. Je ne me souviens pas avoir autant pleuré. J’avais réussi à me convaincre que ça allait fonctionner. J’avais des attentes beaucoup plus pessimistes réalistes pour les 2 inséminations suivantes que je devais passer avant d’avoir droit de passer à l’autre étape.

Trois échecs supplémentaires plus tard, on commence à me parler d’endométriose et de laparoscopie. Je dois passer sous le bistouri, j’ai peur. Très rapidement, je reçois un appel. Ça se passera le 30 janvier. Pour une fois, les choses semblent vouloir débouler vite. Sauf que quelques heures plus tard, la sécrétaire me rappelle. Finalement, l’horaire du 30 janvier est trop serré et ils craignent de manquer de temps. Mon opération est donc reportée au 12 février. C’est tout de même rapide, mais je suis frustrée d’être encore une fois retardée.

Le matin de mon opération, je me rends à l’hôpital, stressée comme jamais. J’en ai assez, j’ai envie de reculer et de tout laisser tomber. Je pile sur ma peur, je fais mon petit pipi dans le pot orange, j’enfile la jaquette qu’ils me donnent. Je parle avec une infirmière pour un projet de recherche sur l’endométriose. Elle me fait signer des papiers de consentement pour des prélèvements et s’apprête à me faire des prises de sang. Du coin de l’oeil, je vois deux autres infirmières qui entrent dans la chambre en se retenant de courir.

Je savais que j’avais 3 jours de retard pour mes menstruations. Un retard que je mettais sur le stress d’être opérée. Jamais, dans mes rêves les plus fous je ne m’attendais à ce que l’une des deux infirmière allait dire, avec son sourire fendue jusqu’aux oreilles : « L’opération est annulée. Le test de grossesse est positif! »

L’annonce Facebook officielle
Crédit : Carolane Baribeau

 

On ne sait pas ce qui causait mon infertilité, comme dans bien d’autre cas. Ceci dit, je me compte très chanceuse que d’avoir mon petit ange avec moi.

Comment avez-vous géré votre étiquette « d’infertile inexpliqué »? 

 
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