J’en aurais long à dire aujourd’hui. Long à dire sur le vide qu’apporte leur absence, même après deux ans. Long à dire sur les sentiments qui m’habitent jour après jour. Long à dire sur la colère que je ressens encore tous les jours depuis les deux dernières années.
Ces mots qui me résonnent dans la tête tous les soirs, dès que je pose la tête sur l’oreiller. Ces mots qui me hanteront toute ma vie : « Madame, nous craignons sérieusement pour la vie de votre fils. » C’est là que tout a commencé, ou plutôt, c’est là que le rêve a pris fin.
En me disant qu’il allait « au moins » me rester un bébé sur deux, j’ai eu de la peine pour ce bébé. Oui, pendant un instant où je n’aurais jamais pensé perdre les deux, je me suis dit qu’il vivrait seul, sans son autre moitié, et ça m’arrachait le coeur. Ça, c’était avant de savoir. Ça, c’était quand j’avais encore ce qu’on appelle de l’espoir. Ça non plus, ça n’a pas duré. Il fallait que la vie m’arrache non pas un, mais bien deux bébés, deux enfants attendus, désirés, espérés plus que tout, parfaits, mignons comme tout, avec comme seuls défauts leurs petits cœurs brisés.
Je sais au fond de moi que je dois tout de même remercier la vie. La remercier d’avoir ma grande fille qui m’apporte de la lumière chaque jour gris et triste. Ma belle puce qui, bien malgré elle, a été notre sauveuse, notre bouée de sauvetage. Quel fardeau pour une enfant qui avait tout juste 19 mois en ce temps-là. Je m’excuse ma puce de ne pas avoir été la maman que j’aurais voulu être, d’avoir été triste, fatiguée, blasée, angoissée, surprotectrice J’aurais voulu mieux pour toi, j’aurais voulu que tu ne vives jamais ça, car tu en seras marquée à jamais toi aussi, c’est certain.
Je devrais aussi remercier la vie d’avoir été capable de retomber enceinte facilement, d’avoir un amoureux qui a compris que ma vie de maman ne pouvait pas s’arrêter là et d’avoir embarqué dans ce projet « fou » de faire un autre bébé. Mon petit garçon est un cadeau que mes petits jumeaux-papillons m’ont envoyé. Il n’y a aucun doute. Mais je te dois aussi des excuses, p’tit homme, de ne pas ressentir que tu me remplis les bras à toi seul, même si tu remplis mon cœur de joie et de fierté. Toi aussi, tu en seras probablement marqué, car tu devras vivre avec le fait d’être celui du « après », même si désiré plus que tout, toi aussi. J’aurais voulu ne pas t’imposer ça, même si tu auras toujours ta place bien à toi.
Je devrais être capable de lever les yeux au ciel et dire merci d’avoir la vie que j’ai, l’amoureux, la famille, les amis que j’ai. Et pourtant…
Pourtant, je me lève chaque matin avec ce vide, car je suis incapable de vous parler, mes trésors. Incapable de ne pas ressentir ce manque, incapable d’être en paix avec ce qui s’est passé. Deux ans à vous manquer, deux ans à ne pas comprendre.
J’en aurais définitivement long à dire aujourd’hui, mais je vais seulement vous dire que je vous aime et que j’aurais tout donné pour pouvoir fêter votre terrible two en double avec vous autour d’un gros gâteau au chocolat plein de sucre.
Au lieu de ça, je vous garde au plus profond de mon coeur et je continue ma route avec tout l’amour que je vous porte. Cet amour inestimable, démesuré, que je ressentirai toute ma vie. L’amour d’une maman pour ce qu’elle a de plus précieux au monde, ses enfants.