Mes amies me manquent. Elles me manquent vraiment beaucoup. T’sais, ces amies qu’on ose appeler à la dernière minute, un vendredi soir, pour aller boire plusieurs un verre parce que la tête veut nous exploser. Ces mêmes amies avec qui on vit des fous rires inexplicables. Celles chez qui on débarque sans avertir. Celles qui connaissent notre côté lumineux autant que notre côté sombre. Celles qui nous aiment malgré tout. Celles-là, ben je peux même dire que je m’ennuie crissement beaucoup d’elles.
Quand je vois ces gangs de filles qui sont restées unies malgré la maternité et tout ce que ça englobe, je suis jalouse. Et je m’en veux un peu. Je suis jalouse, car je voudrais tellement retrouver les miennes et je m’en veux parce que je n’ai pas su en prendre réellement soin. Je n’ai pas tenu notre promesse comme quoi la distance des études n’allait JAMAIS nous séparer. Je me suis concentrée sur ces nouvelles amitiés qui se développaient durant mon DEC et j’ai laissé tomber celles qui survivaient depuis plus de 15 ans.
Oui, je connais des gens. Je suis parfois invitée dans des soupers, mais en général, c’est assez occasionnel, souvent en couple ou en famille, pour des évènements particuliers. C’est toujours planifié, jamais de manière spontanée. Jamais pour une sortie de filles.
Des vraies amies, j’en ai trois, peut-être quatre. Elles ont crié « présente! » lors de moments difficiles. Deux d’entre elles sont dans ma vie depuis le début de mes études collégiales, l’autre est présente depuis le primaire. Mais comme je suis revenue dans ma région natale, elles habitent loin de chez moi. On se voit quelques fois dans l’année. On se raconte nos vies, on rit, on se colle et on se dit qu’on s’aime. Chaque fois est comme si on s’était vues la veille, mais j’aurais besoin d’elles tellement plus souvent.
Quelques-unes de mes amies d’enfance et d’adolescence vivent dans la même ville que moi. Bien que l’on soit en bon terme, toujours contentes de se voir et de se jaser, je ne suis plus proche d’elles. Pendant que j’étais ailleurs pour mes études, elles sont restées unies ou elles ont, du moins, développé de nouvelles amitiés qui traversent le temps.
Et c’est tellement difficile passé 30 ans de s’intégrer, pour de vrai, dans une gang tissée serrée. Je me sens toujours comme la fille gentille, que tout le monde connait, mais pour qui le téléphone ne sonne jamais. Avec le temps, on perd un peu notre naïveté et on se rend compte à quel point c’est difficile de se créer un nouveau réseau social.
La majorité de mes activités se partagent avec les gens de ma famille. Je les adore, j’ai une belle complicité avec eux, je ne les subis réellement pas, je les inclus dans ma vie par choix… mais mes amies me manquent. Vraiment.
Il y a des personnes avec qui ça clique pas mal, mais je crois que la peur de déplaire et de déranger me gèle les ardeurs. J’aimerais avoir l’insouciance des p’tits de 5 ans pis demander clairement : « Veux-tu être mon amie? Veux-tu venir jouer chez moi? »
Les amitiés à l’âge adulte, comment vous trouvez ça?