Aller au contenu
Quand être enceinte rime avec rester mince
Crédit: erinelizabethtc/Instagram + Camille Perreault

Je n’ai jamais eu de problème à accepter mon physique et mon poids. Comme à peu près tout le monde, il y a des choses que j’aime moins sur mon corps, mais jamais je n’ai été jusqu’à tenter de camoufler certaines parties de mon anatomie ou à me priver de manger ce que j’aimais pour perdre du poids.

Lors de ma première grossesse, j’ai beaucoup été malade. J’avais des nausées et des vomissements assez intenses, tellement que j’ai été hospitalisée. Lorsque mon premier trimestre s’est finalement terminé, emportant les malaises avec lui, la vie m’est alors apparue beaucoup plus douce. J’ai navigué doucement jusqu’au 3e trimestre, pendant lequel j’ai été affligée d’une virulente sinusite non traitée (because pas d’antibio enceinte) et d’une méchante gastro. Résultat : à 37 semaines de grossesse pile, lorsque j’ai accouché de mon bébé, j’avais à peine pris plus de 15 livres.

On me disait sans cesse à quel point j’étais mini pendant ma grossesse. À quel point j’étais belle! Belle. Ce mot dont les gens sont si avares en temps normal, mais que j’entendais soudainement tout autour de moi. Pour la première fois de ma vie, je l’associais au fait d’être si mince. Comme si j’avais atteint un but ou remporté une victoire. Laquelle? Je n’en sais rien, mais, malgré moi, ça a fait son chemin dans ma tête.

Je n’ai pas besoin de vous dire que 15 livres, ça se perd vraiment rapidement après un accouchement, surtout quand on allaite. Trois jours après mon accouchement, tout mon ancien linge me faisait comme un gant. Je n’avais même plus de bedaine. Encore là, les commentaires ont abondé. Ce que j’étais dont une belle maman MINCE. Comment j’étais BONNE d’avoir retrouvé ma taille aussi rapidement.

Bonne…

Aujourd’hui, je suis enceinte à nouveau. Malgré un début de grossesse aussi nauséeux que la dernière fois, celle-ci va beaucoup mieux. Je suis plus reposée et plus en forme. Et je prends plus de poids. À 27 semaines de grossesse, je pèse le même poids qu’à mon premier accouchement. Normal. Même que mon médecin trouve que je ne prends pas assez de poids et je sais qu’il a raison.

Mais les gens autour de moi le remarquent aussi. Les « Tu es tellement belle! » sont maintenant remplacés par « Tu es pas mal plus grosse qu’à ta première grossesse hein! » ou « Wow, ta bedaine est vraiment plus grosse cette fois-ci! ». Et même si je sais que ce n’est pas méchant, ni même une critique, ça me rentre dedans comme pas possible.

Et la petite voix au fond de moi qui ne cesse de se demander : « Et si j’étais vraiment grosse? Et si j’étais moins belle qu’avant? Suis-je moins bonne? »

Même si je suis consciente que tout cela est irrationnel et que je ne m’empêche pas de manger quand j’ai faim, ça me mine par en dedans. J’ai peur. Je suis tiraillée entre la joie de vivre une grossesse sans souci et la peur de prendre trop de poids et de ne pas pouvoir le perdre.

Avant, j’aurais probablement roulé des yeux au point de m’en faire mal si une fille de mon gabarit avait tenu un tel discours devant moi. Aujourd’hui, je suis juste vraiment honteuse de me sentir comme je me sens, mais, surtout, d’avoir succombé à cette pression alors que je la dénonce depuis si longtemps. J’en parle un peu avec mon copain et mes amies proches, mais, encore là, c’est dur de s’ouvrir sur un sujet comme celui-là. Vraiment dur.

Ce texte, c’est un peu ma soupape. Ma façon de lancer ça dans l’univers et espérer que ça m’aidera à finir ma grossesse avec zénitude, peu importe le chiffre qui s’affichera sur la balance. Mais c’est également une manière de faire la lumière sur les répercussions que de simples petits commentaires peuvent avoir sur notre estime et sur notre perception de soi.

Avez-vous vécu cette pression lors de votre grossesse? Comment y avez-vous fait face?

Plus de contenu