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Autisme et partys des fêtes : tout un cocktail!
Crédit: Security/PIXABAY

Vivre un premier Noël avec un de vos enfants qui est étiquetté « différent », ce n’est pas évident. C’est votre cas? Je ne peux pas faire grand-chose, sauf, peut-être, vous apprendre à en rire.

Voici donc les 7 pires spécimens qui risquent de se faire un chemin jusqu’à vous lors de vos prochains partys de famille.

La professionnelle
Vous en avez de la chance! Vous avez une professionnelle parmi vous! Matante Monique s’est nouvellement spécialisée en pédopsychiatrie. Entre deux rendez-vous chez sa voyante et sa formation de Reiki, matante Monique vous annonce qu’elle connaît la cause de l’autisme de votre enfant!  Si votre enfant est autiste, c’est parce que le papa et vous, vous dégagez de mauvaises énergies. Probablement que vous traînez avec vous des dettes karmiques. Mauvaise fille. Vous voyez ce que ça donne une mauvaise vie, vous payez dans la prochaine! Arrêtez de lire des études ou de vous questionner. Purifiez votre énergie et vous verrez, votre enfant sera guéri.

En effet, une purification s’impose! Ciao bye, Monique.

L’incrédule
Voyons donc! Calmez-vous! Votre belle-sœur Caroline, qui a une amie éducatrice spécialisée, est très claire : ça ne donne rien de consulter avant 4 ans pour un diagnostic de trouble spectre de l’autisme. Ils ne donnent aucun diagnostic avant 4 ans. Le diagnostic de votre fils, c’est un faux. C’est une hypothèse. C’est impossible que ce soit un vrai diagnostic.

Ce qui fait en sorte que les enfants ne reçoivent pas de diagnostic avant quatre ans dans certains hôpitaux sont les listes d’attente. Les traits autistiques d’un enfant sont habituellement remarqués vers l’âge de deux ans. Si nous ajoutons les deux ans d’attente pour obtenir une évaluation, l’enfant a environ quatre ans. Cependant, il n’y a pas que les hôpitaux qui offrent la possibilité d’investiguer en présence de traits autistiques. Des cliniques privées reconnues étudient très sérieusement la question et sont aptes à émettre un diagnostic tout aussi valable.

Caroline, tu diras à ta grande amie qu’il lui manque des bouts d’information. Mais toi, ça te fait donc peur qu’il y ait de l’autisme dans la famille. Ah la peur de l’inconnu, ça en fait-tu dire des niaiseries…

La sauveuse
Matante Carmen connaît un gars, qui connaît une femme, qui a une nièce qui a guéri son enfant de l’autisme. Il faut que tu essaies ça! Ça n’a aucun sens. Ça ne tient pas debout, mais, hey, tout d’un coup que ça marche?

Tu sais Carmen, des mamans sauveuses, nous en entendons et nous en lisons depuis des années. Pourtant, les statistiques reliées au spectre de l’autisme ne cessent d’augmenter. Crois-tu réellement que les parents n’essaient pas? Si tu veux être best-seller en quelques mois, écris un livre dans lequel tu affirmeras avoir guéri ton enfant de l’autisme. C’est incroyable à quel point l’intérêt par rapport à la guérison est grand. Si tu savais à quel point plusieurs parents s’accrochent à cette quête de guérison. Par contre, l’autisme est un état, et non une maladie.

Demande à l’une de ces mamans à quand une entrevue télévisée avec leur enfant et elle refusera. Pourquoi, d’après toi, les spécialistes qui ont émis ces diagnostics ne se présentent jamais dans les médias eux aussi? Parler à des autistes de haut niveau, devenus adultes, permet de réfuter les réponses que tous ces best-sellers affirment.

Le défi d’un parent touché par l’autisme de son enfant n’est pas dans la guérison, mais dans l’acceptation.

L’autoritaire
Au début de la soirée, elle soupire, mais plus elle tombe dans le bol à punch, plus matante Yvette la pompette veut vous régler ça. Il manque de discipline votre enfant! C’est ça, le problème de cet enfant-là. Dans son temps, les enfants, ça passait par là, mais ça écoutait. Elle vous offrira même de le prendre quelques jours pour le « casser ».

En effet, à user de la force, vous allez casser un enfant autiste, ma chère Yvette. Les dommages que vous allez causer risquent de prendre des semaines, des mois à réparer. Penser « trouble de comportement » en voyant un enfant autiste se désorganiser est une grossière erreur. Concentrez-vous sur votre équilibre et votre démarche, ma chère Yvette, et faites-vous-en pas. Advenant une crise, nous allons tenter de trouver la cause, sécuriser l’enfant et ainsi vous pourrez continuer de réinventer le monde autour du bol à punch. 

La reine des comparaisons
Votre belle-sœur Cathy vit exactement tout ce que vous vivez. Son fils a sensiblement le même âge et elle aussi est exténuée, vidée, au bord de la crise de nerfs que vous, mais son enfant n’a pas de diagnostic. En fait, il ne démontre pas de traits d’autisme ou toutes autres différences. Son développement est tout à fait dans la norme, mais c’est pareil, même pire, que chez vous. Chaque fois que vous ouvrez la bouche, elle ouvre la sienne.

C’est à ce moment que vous verrez votre enfant accroché au lustre de la salle à manger. Quelle belle balançoire! Essaye de battre ça, la grande!

La snob
« Au pire, vous en aurez un autre. » affirme Lydiane, qui n’a pas d’enfant. Oh, c’est vrai. Elle a un bichon maltais miniature. N’allez pas lui dire que ça ne compte pas, vous risquez votre vie. 

Bref, elle ne comprend pas pourquoi vous dépensez autant en ergothérapie, en orthophonie, en psychoéducation et tout le reste pour cet enfant qui visiblement n’a pas tout pour lui. Est-ce que ça en vaut réellement la peine? Ça vous prive de tant de choses : les voyages, les grands restos, les vêtements de marque. Vous aviez tant de style avant. C’est dommage. « Avez-vous pensé au placement? » demande celle qui a fait une crise dans un hôtel lors de son dernier voyage parce qu’ils refusaient d’accepter son magnifique bichon maltais. Faire garder son chien? Jamais de la vie! Voyons donc!

Chacune ses priorités dans la vie, hein.

L’historien
« Il n’y en a pas des autistes dans famille! Voyons donc! Ça ne se peut pas! » Mononcle Yves y tient mordicus. C’est la faute de ta blonde mon grand, chez nous, y en a pas de ça. Un beau malaise! Yves, qui depuis sa tendre enfance exige qu’on lui rachète toujours la même paire de chaussures et qui affectionne particulière son spaghetti – la recette de sa mère – chaque vendredi a 17 h tapant, est routinier de nature. Il est le vieux garçon de la famille. Il a donc tout son temps pour s’assurer, avec rigidité, que non, aussi loin qu’il puisse remonter dans l’arbre généalogique (qu’il a lui-même monté), des autistes, il n’y en a pas. Es-tu certain mon Yves? Une petite lecture sur le sujet, ça te tente-tu? J’ai quelques livres qui te donneraient peut-être quelques réponses et matières à réflexion.

Ma résolution
Pour être certains de ne plus jamais croiser l’un de ces spécimens et de passer de belles fêtes, nous avons mis fin aux partys dans le temps des fêtes. Cette année, nous serons en pyjama, relaxant avec les enfants et de très proches parents. Aucun jugement au menu. Juste beaucoup trop de nourriture à déguster et des cadeaux à déballer. Rien de compliqué!

Joyeuses fêtes! Et si vous rencontrez Monique, Caroline, Carmen, Yvette, Cathy, Lydiane ou Yves, prenez une grande respiration et rappelez-vous qu’on survit et qu’on en rit avec les années.

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