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Congé de maternité ou mon voyage en apesanteur
Crédit: JosianeS/Instagram + Camille Perreault

Mon congé s’achève. Je déteste ce terme, je dirai mon voyage. Le temps a passé tellement vite, je sais pas si c’est à cause de la routine, mais la notion du temps s’est redéfinie pour moi. Je suis partie faire un voyage où l’espace-temps n’est pas le même. Je suis tranquillement sur le chemin du retour.
 
Il a fallu m’habituer à ce nouveau mode de vie. Le départ a été fulgurant. Mon corps était sous le choc. Puis j’ai appris à vivre dans un espace réduit, pendant une longue période. À me nourrir de façon rapide et pratique.
 
Le temps sur terre semble avoir passé beaucoup plus vite pendant que je gravitais; les gens ont eu le temps de tomber amoureux, de changer d’emploi, de faire un film, d’écrire un livre… pendant ce temps-là j’ai observé un humain grandir et le temps a figé.
 
J’appréhende un peu le retour sur la terre, je me sens déconnectée. Demandez-moi pas le dernier tube de l’année : j’en ai aucune idée. Dans l’espace, j’écoutais mes vieilles tounes en loop, j’ai pas vu le dernier film, je connais pas les nouveaux restos in et j’ai pratiquement rien lu. Ma garde-robe me boude complètement, et mon maquillage a collé dans le fond de son étui. Bref, mes références à la vie sur terre sont restées figées dans le temps et mon indice de « coolness » a monumentalement chuté.
 
Le temps m’a filé entre les doigts, hier me semble que je tenais mon petit humain dans le creux de ma main et aujourd’hui je peine à le porter. Difficile de résumer ce quotidien lunaire. Au début on recense le nombre de cacas par jour, la prise de poids, la quantité de lait ingéré. Ensuite, on s’émerveille des progrès de notre progéniture, non sans de petites angoisses, car on veut que tout soit normal. On introduit les aliments, certains nous font plus peur que d’autres. On vit les hauts et les bas de l’allaitement.  Dans notre scaphandrier, on est à l’abri de la réalité du travail, des remises en question et des défis personnels. J’avais la chance de ne pas me soucier de ça, de prendre une pause du tourbillon de la vie terrestre (merci RQAP).

J’étais bien en apesanteur pendant presque un an.  Là, la réalité terrestre me rattrape. Je dois laisser une partie de moi dans une garderie. Accepter de manquer une grande partie de sa vie. Cogner à des portes, pour trouver du travail (les joies d’être travailleur autonome). Je me sens déphasée, et je dois tranquillement réintégrer le monde de la performance, m’émanciper comme mère, me surpasser comme femme… et on a beau pas vouloir faire partie de ça, on a envie de porter tous les chapeaux c’est plus fort que nous.

Ready for landing after 365 days in space?  Yes…Stepping outside…

Avez-vous eu ce doux sentiment d’être déphasée ?

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