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Soir de mousse avant le sommeil : petites rêveries autour de la confiance en soi
Crédit: Anne Genest

L’eau chaude tombe. Le bruit remplit la salle de bain. Dehors, il vente. Il fait un été indien. On dirait que l’espoir est infini. Bien que la lumière décline, doucement, et que la noirceur se prépare à nous envelopper (trop tôt).

Je voudrais que ces quelques heures qu’il reste au jour s’écoulent à petits traits. Clop. Clop. Clop. Je voudrais faire disparaître de ma mémoire les heures pressées. Déjà, mes gestes précipités de tout à l’heure m’apparaissent loin. Ce moment, par exemple, où il m’a fallu traverser les pièces de la maison à grandes enjambées, laisser là, le pantalon; ici, les chaussettes; le chandail, au milieu de la pièce.

 

Puis, il y a eu mes vêtements à moi à déprendre. Puis il n’y a plus eu de linge. Deux corps nus. Une fillette et sa maman.

Nous sommes entrées dans le miroir d’eau. J’ai ajouté un filet de savon-mousse et la baignoire s’est transformée en nuage. Une ouate de ciel. Ne manquait plus qu’une lune et quelques étoiles pour créer un firmament.

Faire le vide
En touchant l’eau, nous avons dispersé la mousse qui s’est mise à nous enrober aussitôt. Nous étions plantées dans un songe aqueux.

Dehors soufflait l’automne et sa noirceur abrupte. Et son emprisonnement forcé. Bientôt, l’hiver se refermerait sur nous. La nature deviendra dépressive. Et il nous faudra survivre à l’hiver de force.
 

Crédit : Anne Genest

Rires
Mais pour l’instant, tout est léger encore. J’ai fabriqué avec la mousse un chapeau, une barbe et des mitaines. Les rires qui sortent de la bouche de ma fille montent. Ils pourraient éclairer la nuit tant ils pétillent. Une gaieté que je croyais endormie avec ma vie d’adulte s’anime. La maternité est une lumière dans l’automne. Et je suis redevenue l’enfant d’avant.

Clop. Clop. L’eau tombe en formant des ondes. Depuis combien de temps sommes-nous immobiles mère et fille, chacune songeuse? Elle et sa tête chargée de pensées que je ne peux entendre. Et cette douceur de visage qu’elle conserve malgré tout. Les soucis ne s’y sont pas encore inscrits. À quel âge le chagrin commence son travail? Quand se dissout la joie?  Quand donc l’assurance blessée se met-elle à prendre toute la place? Quand commence le mépris de soi? 

Je voudrais que l’estime de ma Laure et sa joie et son courage soient pour toujours intacts.

Les moms et dads, à quel âge la vie nous intimide-t-elle?

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