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Le paradoxe : porter la vie quand on perd son parent
Crédit: N.-A. Roy

Ça fait sûrement plus deux mois que je n’ai pas été active sur le blogue. Ça a fait deux mois, le 25 novembre, que mon père est décédé.

Je ne sais pas encore comment vivre mon deuil… Et comment le saurai-je?

Sans avoir eu le temps de comprendre quoi que ce soit, un cancer virulent t’a emporté, Dad. Sur l’espace de trois semaines, tu nous quittais. Tragique. Rapide. Incompréhensible.

The End.

Je n’ai ni envie de voir du monde ni envie de reprendre une vie « normale »… Je n’ai pas trop le goût d’en parler non plus ni de jaser de « choses et d’autres ».

Papa, tu le savais, j’attends un garçon. Ton petit-gars devrait se pointer d’ici deux semaines, 2 mois après ton départ. Tu pensais le rencontrer. Tu y croyais encore deux semaines avant de partir. Je pensais aussi que tu le connaîtrais et que tu vivrais vieux en les regardant grandir, lui et sa grande soeur…

La complexité de perdre un parent — quelque chose que je n’avais pas envisagé ou que je n’aurais pas même pu envisager — marié à l’état de grâce qu’est celui d’être enceinte, c’est d’autant plus complexe et déroutant.

D’être pleine de vie quand on perd son père, c’est à la fois lourd et léger, difficile et doux, tragique et logique, triste et beau, douloureux et radieux. C’est un grand paradoxe. Le plus grand auquel j’ai pu faire face.

Je regardais tes yeux, Dad, et j’imaginais seulement de quoi auraient l’air ceux de mon p’tit. Je te voyais faire ton dernier sourire et je ne pouvais que deviner l’esquisse du premier sourire de Garçon. Premier d’un million — et pour toi, ton dernier. Je tenais ta main, Papa, et je voyais la vie te quitter, tandis que j’avais l’autre sur mon ventre, sentant que ça grouillait à l’intérieur… Your lasts and his firsts, des moments reliés à jamais, mais qui ne se croiseront pas.

Un passage obligé, mais trop précoce. La vie a perdu son sens et en a gagné du même coup ce jour-là, sous un soleil d’automne parfait.

Faute de pouvoir mettre sur pause la danse du soleil et de la lune, je dois poursuivre ma vie, « comme si »… Et il n’y a pas de mots pour décrire la force que cela exige; mon coeur de petite fille est en miettes… Mon papa, mon ami, gone.

Malgré tout, j’ai réussi à rendre hommage à ta vie devant tes endeuillés, remplis de compassion, la bedaine pleine devant des regards pleins de sympathie. Je prépare mon accouchement à domicile en te jasant tous les jours depuis que tu es parti, gardant en tête que je dois être en paix, le plus possible. J’ai continué à dire merci pour tout ce que j’ai, comme tu m’as inspirée à le faire à travers ta propre histoire; j’apprécie les bonheurs simples du quotidien, partagés avec l’amoureux et notre fille, comme si tu me faisais un clin d’oeil à travers leurs yeux vivants et heureux.

Plusieurs personnes m’ont partagé une idée remplie de DOUX depuis ton départ, Dad. Ce concept que tu vivras à travers mon garçon, mais qui plus est, que dans certaines cultures, on raconte que le départ d’une âme qui coïncide avec l’arrivée imminente d’une autre s’avère révéler des parallèles forts; des partages significatifs entre ces deux âmes. Cette idée me fait du bien. Elle apaise le TRISTE qui m’habite.

Crédit : Nathalie-Ann Roy
 

Dad, j’espère que tu as pu être réconforté par la présence de tes trois enfants à tes côtés devant la mort… J’espère que dans les derniers moments où nos yeux se sont croisés, que tu as pu savoir que nous allions te faire vivre, même après ton départ. Comme une chanson qui persiste dans nos coeurs, même si son auteur n’est plus.

Crédit : Nathalie-Ann Roy

Merci de m’avoir offert la vie.
Merci de m’avoir accompagnée, et ce, même après ta mort.
Merci d’être mon Dad, pour toujours.

Love you Papa xxx

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