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Maman, j’aurais tant voulu que tu me croies #OnVousCroit

Te souviens-tu maman? À l’automne de mes 16 ans, je venais de me faire laisser par mon premier chum, celui que je croyais être l’Amour avec un gigantesque A. C’était mon premier chum de plus de quelques semaines, mais aussi la seule personne qui savait que je m’étais fait violer, l’été de mes 15 ans. La seule personne à qui j’avais fini par dire que j’étais terrorisée à chaque matin de jour d’école, parce que je savais que j’allais le croiser. Pire encore, que peut-être il dînerait à la table à côté de la mienne, comme si de rien n’était. 

Te souviens-tu que j’ai tenté de me tuer en avalant tout ce que j’avais qui contenait de la cortisone? Que parce que je me retrouvais à nouveau seule avec ce secret bien trop lourd à porter, j’avais voulu mourir? Tu souviens-tu, maman, m’avoir passé la remarque que ça ne se pouvait pas, que je devais inventer ça? Parce que je sortais avec mes amies, que je rentrais tard, ou que je ne rentrais pas.

J’avais 16 ans. J’étais une ado de 16 ans « normale » : je désobéissais, je manquais de respect, je manquais l’école… J’étais aussi une ado traumatisée, une ado rongée par la honte, par le mal et par des images mentales dégueulasses. J’étais l’ado qui partait des partys quand il y avait trop de drogues qui se passaient, celle qui n’est jamais allée souper chez d’autres petits chums parce que j’avais trop peur qu’il veuille qu’on couche ensemble.

J’étais l’ado la plus responsable pour mes amies : celle qui ramassait les autres qui vomissaient leur 12e gin-tonic, celle qui les raccompagnait à la maison pour être sûre qu’elles se rendaient sans accroc, celle qui les emmenait à la pharmacie pour aller chercher la pilule du lendemain.

Toi, maman, tu ne voyais que la fille qui ne t’écoutait pas, l’ado rebelle qui défiait l’autorité. Tu m’as dit que tu ne me croyais pas, et 9 ans plus tard, j’ai encore des frissons quand je t’entends me le redire dans ma tête.

Je suis maintenant maman à mon tour et jamais je ne me verrais douter si ma fille me confiait quelque chose d’aussi grave. Jamais.

Et pourtant, maman, tu es la personne la plus significative dans ma vie. On a jamais reparlé de ça. C’est drôle comment on peut surmonter des choses, ou en fait, penser qu’on est passé par-dessus….

#JeSuisIndestructible

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