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Loi 20 : quand la lueur s’éteint.

Je ne suis pas pauvre. Je ne suis pas riche non plus. Du moins pas financièrement. Mais je sais que si la vie s’entête à m’accoler l’étiquette d’« infertilité inexpliquée », je n’aurai probablement pas les moyens de me « payer » un ou des essais bébé par fécondation in vitro, tel que décrété par la loi 20 cette semaine.
 
Ça fait des années que mon rôle de future maman se dessine doucement. J’y rêve depuis déjà si longtemps que je me demande souvent si ce désir profond vient de moi, ou de la vie elle-même.
 
Ce futur enfant, il se fait attendre. Mais il a déjà quatre ou cinq couvertures tricotées avec amour. Une paire de petits bas en chantier. Une chambre réservée avec sa bassinette à monter. Des meubles et des jouets à donner qui dorment dans le sous-sol des parents de l’entourage. Des petits amis arrivés ou à venir avec qui planifier des playdates. Quelques noms en suspens sur un bout de papier. Beaucoup d’amour à recevoir.
 
Ma mère a l’habitude de dire que « quand tu veux, tu peux. » Eh bien… non, je ne pourrai plus.
 
La volonté, ça ne suffit pas toujours pour faire des bébés, un bébé. Les efforts non plus. Ni les hormones, même quand on en subit les effets secondaires. Ni les bonnes intentions de l’entourage ou les superstitions de nos grands-mères.
 
Pour un couple sur six, le chemin est long et ardu, sombre comme un long corridor où l’on s’obstine à cogner aux portes, quitte à s’y meurtrir le corps et l’âme, parfois sans parvenir à trouver la bonne. Impossible de vraiment comprendre cette détresse tant qu’on n’y a pas goûté.


Pour plusieurs, la porte menant à la fécondation in vitro restera barrée à double tour.
Crédit : Pixabay

 
Avec la loi 20, la lueur de la fécondation in vitro vient de s’éteindre pour une grande partie de ces couples. Peu de gens ont des milliers de dollars à emprunter à investir dans un tel processus (même si le désir d’avoir un enfant ne peut se chiffrer).

 
Depuis ce matin, je lis des témoignages catastrophés, tristes, fâchés. Des filles qui, pour une journée de délai dans leur cycle menstruel, se font répondre que cette étape attendue n’est maintenant plus couverte par la RAMQ. D’autres qui reçoivent des listes de prix (exorbitants) qu’ils ne peuvent se permettre. Plusieurs qui tournent les talons le cœur en miettes devant ce processus qui vient de prendre une tournure effarante. Et celles-là, aussi, qui ont le malheur de ne pas figurer dans les nouveaux critères d’admission pour ces services, même payants.
 
Je n’y suis pas encore, à cette porte. J’espère de tout cœur ne pas avoir à l’envisager. Mais si la FIV s’avère finalement ma seule option, le minime crédit d’impôt offert par le gouvernement sera décidément trop peu, trop tard.

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