Je profite d’un voyage de recherche pour saluer des amis de longue date devenus récemment parents. Tout fiers et enorgueillis de leur nouvelle vocation parentale, ils me font faire la visite de la chambre du poupon en question. Quelle n’est pas ma surprise, voire mon effroi, de constater l’inventaire du lit de leur héritière de quelques mois à peine :
- un oreiller;
- un duvet;
- un tour de lit;
- plusieurs toutous.
Parce que chez nous, un lit comme ça, c’est simple, c’est une tentative de meurtre. Parce que nos bébés nords-américains, on leur donne une couverture et ils s’étouffent net dedans, on leur met un toutou trop près du nez et ils suffoquent, on leur accroche un tour de lit pour ne pas qu’ils se cognent et ils se coincent dedans jusqu’à ce que trépas s’en suive.
C’est moi ou ça va loin? L’espèce humaine n’a-t-elle pas survécu des millénaires?
J’en ai assez qu’on ne fasse pas plus confiance aux parents. J’en ai marre qu’on nous « enseigne » notre rôle de parent par la peur. Je trouve que la marge entre « mettre en garde des risques potentiels » et « liens de cause à effet » est plus que floue. Pourquoi est-ce que nos bébés n’ont pas le droit d’avoir un doudou et un toutou alors que les bébés européens peuvent remplir leur lit de gogosses? Pourquoi les bébés européens, eux, survivent?
Pendant ma grossesse, j’ai tout remis les « ne fais pas ça » en question. J’ai harcelé mon médecin sur c’était quoi le problème avec les bains chauds, la litière à chat, le fromage de lait cru, les sushis, etc. Ce n’était pas que je voulais transgresser toutes les règles. Non. Je voulais les comprendre. Je voulais savoir pourquoi je ne pouvais pas le faire et quels étaient les risques si j’outrepassais la limite.
Est-ce que j’ai tout testé? Clairement pas! Mais j’ai compris les risques. J’ai aussi compris qu’il n’y a pas tant de risque que ça non plus. Et j’ai surtout pesé le pour et le contre de mes décisions plutôt que de suivre aveuglément le Mieux Vivre qui me fait vivre dans la peur (et qui change d’avis boute pour boute au deux ans!).
Lorsque je parle de la sorte, dans un souper entre amis, on me répond souvent que si ça permet de sauver un bébé, ça vaut la peine. Je ne peux évidemment pas m’opposer à ça. Mais je me demande tout de même si on ne pourrait pas informer les parents de manière plus constructive, de cesser de niveler par le bas notre apprentissage et de faire confiance un peu plus au jugement des parents.
Alors je dis : « Faites-vous confiance, vous avez mis on monde cet enfant, c’est quand même bien pas pour le tuer sitôt sorti! » Je suis persuadée que vous êtes 100 fois plus allumés que ce que le Mieux Vivre pense.