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Lettre au ministre François Blais.
Crédit: PIXABAY
Ministre Blais,

Cette lettre, je l’ai recommencée plus d’une fois. Étais-je émotive? Oui. Suis-je concernée? Vous n’avez même pas idée à quel point! Cependant, j’ai pris le temps nécessaire pour laisser tomber ma colère face à vos propos et mes émotions face aux parents bafoués par vos affirmations.

Le 3 octobre dernier, alors que 150 000 personnes défilaient dans les rues de Montréal pour dénoncer les mesures d’austérité, au même moment vous accusiez l’opposition de désinformer la population au sujet de l’éducation des enfants différents. Ce même jour, j’étais au Salon de l’autisme TSA du Québec à titre de conférencière et d’exposante.

Alors que vous, vous prétendiez que le témoignage de Marie-Josée Aubin, relaté la veille par Brigitte Dubé, datait des années passées, moi je recueillais des témoignages de parents impliqués, mais épuisés. Alors que vous, vous prétendiez les dires de Marie-Josée Aubin et tous les autres énoncés comme étant dépassés, moi je recueillais les mêmes dires, les mêmes effets et les mêmes craintes que celles énumérées par les témoignages du député Alexandre Cloutier, Marie-Claude Rousseau – Présidente sortante de l’Association québécoise des orthophonistes et des audiologistes, Geneviève Lapointe du Regroupement plus de services pour nos enfants différents et Brigitte Dubé de la Coalition de parents d’enfants a besoins particuliers.

Alors que vous affirmiez qu’effectivement, il est probable que l’injection de nouvelles sommes sera nécessaire pour ces enfants à besoins particuliers, vous le remettez à plus tard au nom de l’équilibre budgétaire. Un équilibre budgétaire qui se fait au détriment de l’équilibre des familles touchées par la différence. Un équilibre qui fait perdre pied aux enseignants et aux divers intervenants. Un équilibre qui est visiblement uniquement dans vos livres, mais à quel prix?

Au prix d’une cohorte d’enfants sacrifiés au nom de l’équilibre budgétaire. Une cohorte qui apprendra, beaucoup trop tôt dans la vie, que pour certains, l’argent est la plus grande richesse. Qu’au détriment de nos enfants, notre gouvernement aura choisi l’argent.  

« Nous constatons malheureusement un immense fossé entre la réalité sur le terrain, à l’école et dans le quotidien des familles, et ce qu’en dit le ministre de l’Éducation sur la place publique », a déclaré Mme Dubé. Pour vous, Brigitte Dubé est visiblement uniquement une maman qui revendique. Pour moi, c’est une femme que j’estime et que je respecte parce que je sais que le flambeau qu’elle tient est réel. Je sais que ce qu’elle dit est vrai. Parce que je sais que son rôle de porte-parole n’est pas une fabulation des dernières années, mais bien un besoin actuel et réel. Au même titre que je sais que toutes celles qui ont pris la parole dans le foyer Louis-Hippolyte-La Fontaine le 2 octobre dernier ont relaté ce qui se passe là, ici et maintenant.

Je sais trop bien que tous ces témoignages sont vrais, car ces mamans, je les connais.

D’ailleurs, savez-vous qui est Marie-Josée Aubin?  Elle est la fondatrice de la Coalition de parents d’enfants aux besoins particuliers. Le témoignage relaté par Brigitte Dubé était beaucoup plus qu’un simple témoignage parmi tant d’autres monsieur le Ministre. Il était le premier maillon d’une chaîne qui prend de l’expansion au fil de vos déclarations et de vos inactions. Croyez-vous réellement qu’une mère de deux enfants différents mettrait sur pied une coalition regroupant plus de 1 300 parents, si cette dernière n’était pas touchée par les coupures et qu’elle vivait réellement dans le passé? Croyez-vous que nous, parents, aurions suivi et participé assidûment aux revendications, si ces témoignages dataient?

Je ne vous demande pas de réponses, monsieur le Ministre, mais une réflexion de votre part ne peut plus tarder. Croire que ce climat d’austérité fait de vous un gagnant est une aberration. Croyez-vous noble de gagner sur nous, parents? 

En fait, votre rigidité ne vous rapportera rien. La minimisation des impacts sur nos enfants ne vous mènera jamais à l’équilibre. Puisqu’actuellement, vous créez un déséquilibre dont le Québec souffrira longtemps, car l’avenir d’un peuple passe par ses enfants.

Bien à vous,

La maman de la petite Ariane, 6 ans et autiste.

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