Briser les tabous – Les mamans « peuvent» occuper n’importe quel emploi.

Non, non! Je n’étais pas morte, juste « un peu » ensevelie sous une pile de dossiers, de couches et de cours à préparer. 

Cet automne, j’ai commencé ma nouvelle vie de représentante syndicale (ce genre de travail « réservé » aux têtes blanches, aux célibataires et aux sans enfants). Je suis maintenant membre de l’exécutif du syndicat des profs de mon grand cégep. Je vous surprends, je sais ! 

Oui, oui. J’ai toujours deux enfants. Oui, Monsieur Lapin a commencé la 1^re année et… les devoirs. Oui, Monsieur Crapaud Grenouille a 17 mois, perce ses molaires et a un terrible two un peu précoce. 

La bonne nouvelle, c’est que, OUI, ça se fait. OUI, une mère peut avoir la force de ses aspirations, la force de ses convictions. OUI, une mère peut occuper des postes qui ne sont pas
« traditionnels » pour une jeune maman.

Le vertige
J’avoue que si je n’ai pas écrit depuis le dernier mois, c’est que j’ai eu tout un vertige en entrant dans mes nouvelles fonctions. À la question, « Puis, Emilie, comment se passe ton début de session? », je réponds systématiquement : « C’est… sportif ! » 

J’enseigne à 1 groupe au lieu de 3, tout en apprenant et en faisant mon nouveau travail de déléguée responsable de l’info et de la mob’, tout ça… en pleine période de négos. 

« T’es pas un peu folle, Cara? » 

– Ouain, un peu. Mais, j’avais un trop grand besoin de péter des yeules à canaliser, que je réponds à la blague. (C’est une blague. OK. Je suis une apôtre de la non-violence.) 

La vie familiale
Ça aussi, c’est « sportif », mais ce le serait de toute manière. 

J’ai réorganisé mon temps, mes activités, mes implications. Chéri et moi avons revu les tâches familiales. J’avoue, la mijoteuse est ma nouvelle meilleure amie! 

Ça et je trace mes limites. Quand les enfants sont réveillés, je ne travaille pas. Les câlins, les chatouilles, les histoires, rien de tout ça n’est altéré. Bon, y’a aussi que le ménage n’est pas impec’. C’est propre, pas en ordre. Paraît qu’il y a un plancher dans ma chambre. Paraît aussi que les paniers de lavage peuvent être vides. « Des légendes », je dis! Oui, je suis fatiguée. Mais quel jeune parent ne l’est pas? Hein!?

La vie de couple aussi est… sportive. Deux passionnés de leur travail qui tombent amoureux, ben… C’est ça… Reste que nous essayons de trouver le temps de se recentrer pour se rappeler que nous nous aimons et que ce n’est qu’un sale temps à passer (surtout celui des dents et des crises de bacon!). Reste que personne n’est mieux placé qu’un autre passionné pour comprendre et être fier de mon implication, de mes choix, de mes prises de position.

Le stress
Oui, c’est stressant être représentante syndicale. Oui, j’ai peur de me casser la gueule. Oui, j’ai peur de faire des erreurs. Oui, oui, oui! Reste que je connais mes forces et que je travaille bien fort sur mes faiblesses. Je suis sortie de ma zone de confort et j’en suis fière.

Je suis fière de le faire et encore plus fière de le faire avec de jeunes enfants. Pas pour me trouver meilleure. Pas pour entrer en compétition avec qui que ce soit. Juste pour être fière de prouver que, OUI, une maman ça peut occuper ce genre de poste. Que, OUI, une maman peut être ambitieuse. Que, NON, une maman n’a pas à se sentir coupable de faire ce genre de travail. Surtout que, NON, je ne suis pas la seule « folle. » Parce que, OUI, il y a d’autres mamans qui le font. Et ça, j’avoue que je trouve ça drôlement inspirant et rassurant pour l’évolution de notre société!

Le mieux dans tout ça, c’est que l’air de rien, tranquillement, tous ensemble (papas et mamans), nous repoussons tout doucement les limites floues et arbitraires des emplois que « peuvent » occuper les mères. 

Quel emploi n’osez-vous, n’avez-vous pas osé occuper parce que vous aviez de jeunes enfants?