Quand le soleil se couche et que tout semble s’éteindre, dans la chambre au lit minuscule, sur la chaise berçante où nous faisons monter et descendre la lune, un monde s’éveille. Celui fait de carton, de mots et d’encre et d’images. Celui des livres, mais aussi celui où s’ouvre mon imaginaire et celui de mon bébé-petite-fille.
Depuis peu, mon petit bout de vie et moi avons pris l’habitude d’aller marcher au retour de la garderie ou tôt le matin, juste avant d’être avalées par la journée.
À l’heure où la lumière est la plus pure et joue aux vitraux avec les feuilles, nous nous promenons dans le quartier qui pâlit. C’est à cette heure que la voix des oiseaux se colore. C’est à la fin du jour que sortent les bébés lièvres de leurs terriers et que les écureuils font un dernier tour d’horizon transportant leurs provisions. C’est lorsque la lumière rougit que le renard se permet enfin quelques galipettes pendant qu’à l’intérieur des foyers les gens sont réunis devant des écrans immobiles.
Chaque fois que nous surprenons une petite bête, je me penche à l’oreille de ma Laure pour imiter la voix de l’animal. Je hulule, je sifflote, je miaule, je craquète (oui, oui, avoir l’air d’une folle ne me dérange pas!). La petite voix de ma Laure tente de me suivre, et notre étrange mélopée s’égraine dans le quartier silencieux.
Cette semaine, au retour du travail, la boîte à lettres était chargée d’un paquet. En retirant le colis, la petite porte a émis un bruit de métal. Nous avons ouvert l’enveloppe de carton pour y trouver deux jolis albums que j’ai déposés près du lit. Nous avons mangé, fait la vaisselle et rempli la baignoire pour le bain. La buée s’est répandue jusqu’à la chambre, et j’ai enfin ouvert les livres.
Le premier album, Le secret, fleurait encore la forêt avec son parfum de papier. À l’intérieur, des petites bêtes (oiseaux et renard, libellule et lapin, hérissons et hibou) se tenaient dans un décor de plantes et de fruits. On aurait dit des enluminures. À tour de rôle, les animaux se confiaient un secret.
Puis, nous avons ouvert le deuxième livre. Dans Et le matin quand le jour se lève, une douce lumière caressait les pages. Les petites chouettes qui avaient voleté toute la nuit allaient se coucher, les hérissons se couvraient sous les feuilles, le coq réveillait les poules, les oiseaux faisaient tinter leur voix, tandis que le chien dressait les oreilles et aboyait. Ce tout-carton où les animaux rebondissent de la nuit au jour constitue une suite au titre Et le soir quand la nuit tombe.
Les jolies illustrations d’Anne Crausaz tirées de l’album Et le matin quand le jour se lève.
Quand la dernière page a été tournée, il ne restait presque plus de lumière et nous nous sommes endormies.
Y a-t-il des livres qui sont en complémentarité avec ce que vivent vos minis? Quels sont vos choix de lecture?