Je suis chanceux. Le grand m’a servi le classique « t’es pas mon père! » qu’une seule et unique fois. Il avait besoin de maman pour gérer un désagrément, elle était occupée. J’ai offert mon aide, reçue avec un « t’es pas mon père, pis t’es pas ma mère non plus! » bien senti. « T’as raison, mais je peux t’aider quand même, tu sais. » Il est descendu à sa chambre sans ajouter un mot : fin de la discussion et mise en place d’une dynamique relationnelle très claire.
Il y a autant d’identités de beau-parent qu’il y a de beaux-parents. Chacun vit son rôle à sa manière et s’intègre différemment dans la dynamique déjà en place, selon plusieurs facteurs : l’âge des enfants, les valeurs de la famille, la présence ou l’absence de l’ex, si la famille habite ensemble ou non, et j’en passe.
Les enfants de mon amoureuse m’appellent par mon prénom. Ils rectifient la situation auprès des amis qui pensent que je suis papa avec la phrase toute simple : « C’est pas mon père, c’est mon beau-père », et nous développons encore nos liens affectifs et relationnels après un an de cohabitation.
Mais je suis qui, moi, dans tout ça? C’est quoi, mon identité, dans notre famille recomposée?
Je suis qui, moi?
Le poète en moi s’est laissé aller. Peut-être qu’un jour, je saurai dire au grand pis à la petite qui je suis, qui je voudrais être ou qui je pense être pour eux.
« Je ne suis pas ton père, c’est vrai. Je ne le serai jamais, car tu en as un que tu voies une semaine sur deux. Jamais je ne prétendrai occuper sa place dans ta vie : ce n’est juste pas la mienne.
Je suis celui qui te regarde pratiquer tes moves de danse dans la cuisine, mais qui ne pourra pas aller au spectacle. Je suis celui qui parle de vous avec fierté aux copains du boulot. Je suis celui qui se fait du mauvais sang pour toi parce que t’as des concerns d’adulte à 8 ans. Je suis celui qui a du rattrapage d’expérience parentale à faire.
Je suis celui à qui vous dites salut en coup de vent en partant le vendredi. Je suis aussi celui qui s’ennuie de vous quand vous n’êtes pas là. Je suis celui qui est donc ben cool quand tout va bien, et qu’on blâme quand ça déraille. Je suis celui qui a vraiment moins de patience que maman, qui serrerait la vis un peu plus des fois.
Je suis celui qui s’émerveille de chaque étape dans nos relations. Je suis celui qui ne se peut juste pas d’avoir la chance de vous voir grandir et évoluer et d’y être pour quelque chose.
Je suis celui qui aime votre mère. Je suis celui qui vous aime aussi, mais qui ne sait pas trop comment vous le dire non plus. »
Et vous, si vous étiez dans une situation similaire, qu’auriez-vous envie de dire à vos beaux-enfants?