Mercredi soir. Première mondiale à Montréal de la Madonne. Celle que j’ai vue 6 fois. Celle qui se fait apprendre le français par sa fille, Lola. Celle qui inclut Rocco, son fils, dans son show. Celle qui, toute sa vie, a traîné ses bébés partout. Madonna, la top pour ne pas suivre de règles et pour faire à sa tête. Ben quin!
Trouble d’horaire du père et pas de gardienne à proximité, je me dis : « Au pire, on reviendra! ». Je l’ai habillée cool, j’ai apporté le kit de base et j’ai filé au Centre Bell.
Voilà le soir où j’ai scrappé ma fille. J’ai bousillé son adolescence. J’ai inclus en elle la révolte, la forçant à aller voir un show pour MON intérêt personnel en ne me souciant pas de SES besoins. Je suis une égoïste, immature, pas prête à faire de sacrifices pour la chair de sa chair.
Ouais. Ça a bardé dans mon show de radio le lendemain midi (vous écoutez le 96,9 CKOI, right?). Le débat sur le fait d’amener ou non son enfant dans un événement de la sorte était lancé, bien malgré moi. Le but du post n’était pas celui-là du tout.
Je voulais revenir sur les regards accusateurs que j’avais reçus tout au long de la soirée plus que sur ma décision assumée d’aller voir Madonna entre filles. Je voulais dénoncer le manque de solidarité entre parents. Le jugement entre humains qui se répand plus vite que l’odeur de couche pleine. La science infuse que tu reçois supposément en même temps que ton premier chèque du RQAP. Je voulais dire d’arrêter de se pointer du doigt et de plutôt se donner des tapes dans le dos des fois. #MégaFail
Mon selfie a été repris, partagé, liké, commenté et sûrement transformé en magie noire quelque part si je me fie à certains commentaires. Certains étaient d’accord, d’autres non, et c’est ben correct.
Ce que je veux dire, c’est que nous faisons ce qui est bien pour NOTRE bébé, avec NOTRE expérience de parent, NOTRE vision de l’éducation et NOS limites. MON bébé est le plus chill du monde, MON expérience de baseball/hockey/lancement/voyage en sa compagnie me laissait croire qu’il n’y aurait pas de problème. MA vision de l’éducation est pour l’instant beaucoup dans le partage de moments, de passions et de découvertes, et MES limites sont repoussables. J’ai fouillé et je n’ai pas trouvé de guide du parfait parent. Je tente d’en bâtir un, jour après jour. Un guide qui sera applicable pour MA maisonnée, seulement parce que c’est ça, l’affaire : il y a autant de façons d’élever un enfant qu’il y a de parents. Je peux prendre des trucs, m’inspirer d’expériences, tenter de copier la façon de faire du Danemark qui est vraiment cool, mais ça ne veut pas dire que ça fonctionnera chez nous. C’est bête de même.
En bref, là, j’ai été voir un spectacle avec ma fille en prenant soin de lui mettre des coquilles pour couper le son. Je l’ai prise dans mes bras tout le long en me disant que ça faisait longtemps que je n’avais pas eu une soirée collée, comme ça, avec elle. Je n’ai ruiné la soirée de personne, ayant payé 250 $ pour avoir un moment off, puisqu’elle n’a pas dit un mot. Si ça avait été le contraire, que mon bébé aurait dérangé, crié, été en détresse ou inconfortable, j’aurais eu la décence de sacrer mon camp et de regarder le show en DVD.
Je l’avoue, je me suis trouvée hot. C’était sur ma liste, ça, aller voir Madonna avec ma fille. C’est juste arrivé plus tôt que prévu. Non, elle ne s’en rappellera pas le jour de ses noces, mais moi, oui. Je lui montrerai la photo et je lui dirai que ce soir-là, je n’avais pas trouvé de gardienne et qu’au fond, j’étais ben contente. Je lui raconterai qu’elle s’est ouvert les yeux seulement pendant Vogue et que j’étais fière parce que c’est une de mes préférées, à moi aussi. Que je l’ai bercée pendant True Blue en me disant que j’étais vachement chanceuse de l’avoir.
Si jamais, à l’adolescence, elle ne veut porter que des soutiens-gorge coniques, alors là, je saurai que j’ai merdé.
Avez-vous déjà assisté à un show avec votre tout-petit?