Depuis que je suis mère, je suis continuellement fière de mon enfant. Lors de ses premiers mots, de ses premiers pas, de sa première journée d’école, quand il range sa vaisselle après le souper, quand il fait des blagues, quand il se comporte bien en société, quand il est poli et respectueux, quand il réussit bien à l’école, quand il accomplit de grandes choses comme de petites choses. Cet enfant-là me rend fière et me permet d’être une meilleure personne.
Je me demande souvent si ma mère a ressenti ça, la fierté. Si elle a déjà été fière de moi, si elle est fière de moi aujourd’hui. Je me suis tout le temps débrouillée dans la vie, la débrouillardise est un trait de caractère qui me définit bien. Est-ce que c’est aussi ce qui a fait en sorte que je n’ai jamais senti si ma mère était fière, parce qu’elle savait que de toute façon, elle n’avait rien à craindre à mon sujet parce je suis fonceuse?
Te l’entendre dire.
Si tu savais maman comme j’aimerais que tu me dises une fois dans ma vie que tu es fière de moi… Je t’ai entendu me souvent me dire : « Je ne suis pas inquiète pour toi, ma fille ». Est-ce une remarque de fierté par la bande? Est-ce une forme de bénédiction? Était-ce seulement l’air du temps où, à l’époque, on ne disait pas nécessairement ce type de phrase à ses enfants?
Aujourd’hui, je constate que chaque fois que je te fais part d’une belle réussite, tu en diminues la portée. Chaque fois que je te partage un petit bonheur, tu ne sembles pas vouloir le partager avec moi en minimisant son importance. Quand je fais un pas de travers, un pas qui ne correspond au chemin que tu as tracé pour moi dans ta tête, tu me glisses un commentaire. J’ai l’impression que tu n’es pas capable de te réjouir pour moi. Dis-moi que je me trompe, maman…
Le seul lien qui semble nous unir est mon enfant qui te donne le libellé de grand-mère. Une fois, j’ai cru déceler une certaine forme de fierté quand tu m’as dit : « C’est un bon enfant que tu as là, tu fais bien ça, quand même. » J’ose interpréter tes mots car je ne te l’ai jamais entendu dire. Le réalises-tu, maman, que mes « compétences parentales » proviennent en grande partie de l’éducation que tu m’as transmise? Es-tu heureuse maman que je transmette à mon enfant ce que tu m’as légué?
Peut-être attends-tu la même chose de ma part? Peut-être aimerais-tu aussi que je te dise que je suis fière de toi? Je suis fière de toi maman. Et surtout, je t’aime.