L’autisme est entré dans ma vie un soir de juillet. Ma fille avait 22 mois et son éducatrice venait de m’annoncer qu’elle ne pouvait pas la garder, car elle démontrait des traits autistiques. De kessé? Je ne connaissais rien à l’autisme. Mais rien pantoute!
C’est donc sur le pilote automatique que je suis revenue à la maison en tentant de tout faire, tout à la fois, et le plus rapidement possible, afin de pouvoir faire une petite recherche sur les traits autistiques. Le genre de stratégie qui ne fonctionne jamais avec des enfants, principalement avec les autistes. Plus tu bouscules, plus ça dégénère et finalement tu capitules, en boule et en larmes dans le fond de ta douche. C’est simple de même!
C’est finalement à bout de la routine du dodo – le bout du bout parce que ça ne finissait plus – que je me suis mise à fouiller sur le Web. Google m’a révélé un paquet de causes probables à l’autisme et les traits qui le caractérisent. Ma fille cadrait! Oh que oui et pas à peu près! Je reconnaissais Ariane dans les descriptions que je lisais. J’avais le cœur en miettes. Un sentiment de panique assez élevé m’habitait, mais également un sentiment de soulagement. Elle n’était pas difficile : elle était autiste.
J’ai écourté mes nuits de sommeil – déjà bien courtes – pour me documenter. Des sites Internet, des blogues et beaucoup trop de livres. Des lectures que je ne comprenais à peu près pas. Par contre, j’avais saisi une chose : tu dois être expressive, overreact, pour qu’elle comprenne. Super! Tu ne croirais pas comment je peux être bonne là-dedans!
J’étais une équipe de cheerleaders à moi toute seule! – Une cheerleader cernée, couettée et habillée en mou! De toute beauté! Ça a fonctionné? B’en oui! Mais pas juste sur Ariane! Comme je n’ai pas de switch on-off dans mon cerveau et qu’une personnalité me suffit amplement, j’agissais ainsi également avec Justin, mon deuxième.
Félicitations, enthousiasme excessif, mots d’encouragement, qualificatifs plus que positifs : je me couchais brûlée raide! G.O. dans le sud? N’importe quand!
Résultat? J’ai un petit garçon de 4 ans et demi très expressif qui se présente comme étant Justin D. Le meilleur! LE meilleur! Rien de moins ! Non, mon nom de famille n’est pas Le meilleur et celui de son père non plus. Le meilleur est uniquement un effet secondaire de mon enthousiasme à stimuler mes enfants!
Le malaise que je vis quand les gens lui demandent son nom et qu’ils croient que je suis Mme Meilleur, c’est de la faute de mes supers techniques prises sur Google!
Et dire qu’on m’avait mis en garde que l’enfant du milieu pouvait se sentir dévalorisé puisqu’il n’est pas l’aîné ou le bébé de la famille. Que les deuxièmes ont souvent une estime personnelle plutôt médiocre! Que ce serait deux fois plus à surveiller, car il était le seul garçon, entre deux filles et qu’en plus, l’aînée est autiste! Un bébé par en bas et une autiste par en haut : Justin l’enfant sandwich était en grand danger.
C’est fou le nombre de mises en garde, le nombre de panique qu’on m’a créé depuis que j’ai des enfants! Après avoir angoissé comme une malade suite à des lectures telles que « Tout se joue avant six ans » et les multiples mises en garde de mes amis, ex-collègues, connaissances et j’en passe, j’ai lâché prise! Ça va tellement mieux.
L’enfance de mes enfants ne reviendra jamais. Elle se passe là, ici et maintenant. C’est ce que j’ai envie de vivre là, ici et maintenant. Les prédictions et les mises en garde ne m’intéressent plus. S’il y a bien une chose que mes enfants m’ont appris, c’est que le développement d’un enfant est unique et que notre devoir de parent est de l’accompagner là-dedans. Pas de lui transmettre nos angoisses. Ce que nous faisons si facilement dans ce monde axé sur la performance, plutôt que sur la simplicité et la magie de l’enfance.
Lâchez-vous prise par moment ou souvent? Les conseils, vous en faites quoi?