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Le jour où nous sommes devenues pères.

Mères, nous l’étions par définition, par genre, par défaut, ma copine et moi! Quoique Simone de Beauvoir vous dirait sans doute : « On ne naît pas femme, on le devient. »

Pères nous devions devenir! Notre rôle de futures papas demeurait à définir, tracer et forger de façon solide sur des assises stables, de sorte que notre petit amour, notre homme, ne manque de rien. Un modèle humain, peu commun, dans une société stéréotypée! De « couilles» nous étions pourvues certes, mais il nous manquait la barbe, la virilité et la capacité à faire pipi debout qui nous différencient de la gent masculine!

Entourée de figures masculines inspirantes et très présentes (pères, frères, amis) je demeurais néanmoins anxieuse à l’idée de devoir enseigner à mon fils : à se raser, à uriner en position verticale, à freiner au hockey ou encore à parler de « chars ». Devrais-je à tout jamais abandonner grâce et féminité afin de me transformer en un bon papa?

Je m’inquiétais du caractère improbable et différent de notre situation alors que j’aurais dû me réjouir de son unicité! Une famille atypique j’en conviens, mais oh combien riche et attachante! Dans sa singularité et son authenticité, notre cellule familiale contribuait à la diversité et au caractère hétéroclite du genre humain. Nous attirions parfois la curiosité des regards indiscrets et les spéculations, mais aussi l’admiration et l’attendrissement. Mon voisin de gazon, Raymond, pour sa part ne manquait jamais l’occasion d’envoyer des regards inquiets et désolés à ma progéniture.

Devrais-je m’inquiéter du bonheur de mon garçon parce qu’il manque quelques graves à ma voix ou de poils à mon menton? Devrais-je prendre des hormones virtuelles, des tutoriels signés YouTube sur l’art d’être un homme, un vrai, ou encore un cours en accéléré avec Raymond?

Ces questions demeureraient sans doute sans réponses absolues, mais nous avions décidé de donner le meilleur de nous-mêmes à notre enfant… notre amour. Des mères bien loin de leurs paires, des pères vaillants, maires de leur foyer. Aujourd’hui, lorsque je regarde cette lueur admirative et le rire franc de ce petit miracle ou encore son air calme, apaisé et sécurisé, car entouré de ses deux mamans, je me dis alors qu’il a vraiment….les meilleurs papas du monde!
 
Enfin, à chacun son combat.
 
Oups…mais « qui suis-je? » j’oubliais!  Actrice, spectatrice et observatrice de la vie, tout comme vous, qui tente de mettre des mots sur ce que capte l’iris et les sens. Des nouvelles de moi : nouvelle vie, nouvelle blogueuse, nouvelle maman qui tente d’exposer avec beaucoup d’humilité la réalité et le quotidien d’une famille homoparentale ou plutôt d’une famille tout court… au long!
 

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