La boulimie, voilà un maux mot qui me donne un énorme vertige.
« La boulimie se caractérise par des épisodes de compulsion alimentaire suivis de comportements compensatoires (vomissement provoqué, l’abus de diurétiques et de laxatifs, l’exercice physique excessif, jeûne). Les crises s’effectuent généralement en secret et sont accompagnées d’un sentiment de perte de contrôle. Bien que la plupart des personnes boulimiques aient un poids près de la normale, elles sont excessivement préoccupées par leur corps, craignent de prendre du poids et sont insatisfaites de leur image corporelle. » – ANEB Québec
Premièrement, ça me prend vraiment beaucoup de force partager ça. J’ai l’impression de me mettre à nue devant beaucoup de personnes qui me lisent, dont ma famille et mes ami-es. Ça fait aussi en sorte que cette facette de ma vie ne sera plus un secret. #MaisCaVaAller
Deuxièmement, je ne suis pas mince pour rien. Désolée pour toutes celles qui ont pensé que je prenais soin de moi et que j’avais seulement une bonne morphologie ou un bon métabolisme. Je suis mince parce que je me fais vomir 3 fois par semaine. Pas parce que je me suis gavée, seulement parce que je me sens mal d’avoir mangé. POINT.
Je ne prends donc pas de poids et souvent même j’en perds. Il n’y a rien de sain là-d’dans ET surtout, ce n’est LA BONNE une solution.
Parce que dealer avec la boulimie c’est dur, vraiment dur.
À tous les jours, je me bats contre ça et à tous les jours, j’essaie de m’en sortir.
À tous les jours, j’essaie d’oublier mes repas afin de ne pas les faire ressortir sur le coup.
Malheureusement, je n’y parviens pas toujours…
Je ne me souviens plus exactement quand et comment ça a commencé. Sur le plan psychologique, je n’ai pas un passé de tout repos. J’ai vécu, et je vis encore malheureusement, avec une obsession de la beauté, de la perfection et de la comparaison.
Jeune, je me suis mis la barre haute.
Jeune, ma confiance et mon estime en ont pris une claque.
Aujourd’hui, je lutte pour ne pas transmettre ça à mes enfants.
Je mens à chaque fille qui me croise me disant: « MY GOD! Mais tu as eu deux enfants, comment tu as fait pour retrouver ta ligne si vite? » Je ne sais jamais quoi répondre et dernièrement, on m’a posé cette question que j’haïs. Mon cœur s’est noué. Pour moi, pour elle. J’aurais voulu lui répondre « Si tu savais ce que je fais… »
Au lieu de ça, je lui ai répondu :
« Je ne crois pas qu’il y ai de trucs. La réponse la plus plate, mais oh combien la plus brillante à mes yeux, c’est que tu as porté la vie. POINT. Y’a rien de plus beau qu’un corps (homme ou femme) confortable et en acceptation avec ses cicatrices/son poids/ou autre. Le corps de la femme est trop scruté, on lui demande trop la perfection.
Y’a aussi ce genre de drôle de phénomène où les femmes veulent retrouver leur silhouette aussitôt que l’accouchement a eu lieu. Et ici je ne fais pas de bashing c’est seulement un constat, chère amie! J’ai des seins bananes et mous à cause de l’allaitement, j’ai du gras de fesse qui ne part pas, mais j’ai deux enfants qui me regardent tous les jours et qui me voient comme étant la plus belle étoile pour eux.
C’est pas toujours facile, mais tu as fait encore plus dans la vie que tous ces modèles au corps parfait auxquels nous perdons trop de temps à nous identifier. »
Ce qui me peine le plus, c’est que moi-même je ne m’identifie pas à ce que je lui ai répondu.
Cependant, c’est ce que je voudrais être capable de faire parce que c’est ÇA le vrai. J’ai décidé d’en parler à mon conjoint, sans niaisage. Est-ce que ça fait en sorte que je me suis mieux sentie? NON. Parce que je me sens toujours prise au piège, sauf que ça fait près d’une semaine que je ne me suis pas infligé une régurgitation.
J’ai décidé d’en parler parce qu’il y a tellement de textes/publicités qui circulent sur Internet pour promouvoir le corps parfait en bikini où encore « retrouver son corps après l’accouchement OUI c’est possible! » Textes et publicités qui font mal lorsque tu n’es pas bien dans ta peau.
Je suis loin de dire que je suis sauvée bien au contraire.
C’est un combat contre moi-même.
C’est un combat pour mes enfants parce que je ne veux pas que leur vision soit axée sur la beauté extérieure, la minceur, la perfection, name it.
Parce que je ne veux pas que mes enfants vivent, un jour, un tel combat.
Avouer un trouble alimentaire, ce n’est pas une chose facile. Le premier pas, c’est de le reconnaître et de savoir qu’il y a des ressources pour s’aider comme ANEB Québec, Tel-jeunes ainsi que les services de psychologie dans le CLSC de notre région.
Je vais poursuivre mon combat contre mon trouble alimentaire, et j’espère que tous ceux et celles qui mènent la même bataille feront de même.