Aller au contenu
J’ai sauvé la vie de mon père.
Crédit: Pixabay

Avril 2006. Magnifique week-end de printemps. J’étudie pour mes derniers examens en soins infirmiers. J’ai tellement hâte de commencer à travailler comme infirmière. Soigner les gens. Sauver leur vie. Jamais je n’aurais imaginé que la première vie que je sauverais serait celle de mon papa, mon modèle, mon héros.
 
C’était un samedi plutôt banal, mon père s’affairait à préparer la cour pour les beaux jours d’été. Vers 10 h, il entre dans la maison pour manger rapidement une collation et une boisson gazeuse. Je l’entends tout à coup me dire qu’il se sent bizarre, qu’il a l’impression de mal digérer sa collation. Au fond de moi, je sens que quelque chose cloche. Quelque chose de majeur.
 
3 jours auparavant, j’avais complété, avec succès, un stage sur un département de cardiologie. Une chose m’avait frappée dans l’histoire de mes patients; chaque homme qui avait fait un infarctus avait confondu les symptômes avec ceux d’une indigestion. J’ai regardé mon père qui devenait de plus en plus pâle et j’ai compris. Je devais agir et vite.
 
Chaque seconde comptait.

Crédit: Giphy

 
Je lui ai ordonné de s’asseoir. J’ai cherché son pouls à son poignet. Il était fuyant et totalement irrégulier, c’était clairement la cacophonie dans ses vaisseaux. J’ai couru chercher mon stéthoscope pour ausculter les bruits cardiaques. Même constat. J’ai pris sa pression artérielle avec la machine que nous possédions. Impossible d’obtenir une lecture. C’était mauvais signe.
 
Ma mère est arrivée durant ce temps et en un coup d’œil, elle a réalisé que c’était sérieux. Pendant qu’elle rassemblait ses affaires, j’ai rédigé en vitesse une note infirmière avec tout ce que mon père présentait comme signes et symptômes. Mon père refusait de se rendre à l’hôpital. Il essayait de me convaincre que je m’en faisais pour rien. J’étais convaincue du contraire.
 
Il s’est levé pour retourner à l’extérieur. Il s’est pratiquement effondré. Nous l’avons mis dans la voiture et ma mère est partie d’urgence à l’hôpital qui se trouve à quelques minutes de la maison. Dans l’idéal, nous aurions appelé le 911, mais dans l’énervement et parce que mon père refusait catégoriquement, nous ne l’avons pas fait.
 
Arrivée à l’urgence, ma mère a couru donner le papier que j’avais écrit à l’infirmière du triage. En moins de deux, mon père s’est retrouvé dans l’aire de réanimation. Il a été transféré d’urgence dans un autre hôpital où ils ont même fait entrer l’équipe de garde pour installer, dans son cœur, des tuteurs pour empêcher ses artères de se bloquer complètement.
 
Au sortir de la salle d’opération, le cardiologue a dit à mon père : « Monsieur, aujourd’hui vous devez la vie à votre fille. Sa rapidité à reconnaître les symptômes d’un infarctus fait que nous avons pu vous sauver. Quelques minutes de plus et s’en était fini de vous… »
 
Mon père est un ancien professeur d’éducation physique. Un homme en forme, sans surplus de poids, qui mange bien. Il se croyait à l’abri. Et pourtant…

 Mon papa d’amour, plus en forme que jamais
Crédit : Annie-Pier Couture

 

Je me suis toujours demandé si cette histoire aurait eu une fin aussi heureuse si je n’avais pas été infirmière. Si je n’avais pas connu les symptômes précoces d’un infarctus. Sûrement pas. J’ai encore la chair de poule quand je repense à cette journée. Quand je réalise que j’aurais pu perdre mon père. Qu’il aurait pu ne jamais connaître son petit-fils. Je chéris chaque moment passé avec lui.

Soyez aux aguets. Au Canada, chaque 7 minutes, une personne est victime d’une crise cardiaque.
 
Sauriez-vous comment reconnaître les signes et intervenir en cas de malaise cardiaque?
 
Apprenez quoi faire sur le site de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC  et qui sait, c’est peut-être la vie d’un de vos proches que vous sauverez.

Plus de contenu