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Être la mère du petit « mal élevé ».
Crédit: Chanel Sabourin

T’sais, lui, l’enfant-mal-élevé-du-bout-de-la-ruelle-celui-qui-dit-des-choses-pas-possible-qui-fait-constamment-des-bêtises-qui écoute-rien-pis-qui-intimide-les-nôtres?

T’sais lui, cet enfant-là? B’en c’est le mien.

Il ne vient pas d’une famille pauvre, mal éduquée, dont les parents ne sont jamais là. Oui, sa mère lui rappelle tous les jours, plusieurs fois par jour de manger la bouche fermée, de dire merci, de faire ses tâches, d’être sensible aux autres. Sa mère l’écoute, lui parle, le câline, le discipline. Mais lui, cet enfant-là, il n’est pas comme les autres. Le temps et l’énergie que sa mère investit pour faire de cet enfant un être extraordinaire, un être épanoui, heureux et bien dans sa peau, c’est pas perdu, mais on ne le voit pas.
 
Cet enfant-là, quand tu le croises dans la rue, tu as de la peine à croire que ses parents ont bougé des montagnes pour lui trouver la meilleure place possible dans notre système d’éducation. Tu t’imagines pas qu’ils prennent une à deux journées complètes par semaine, juste pour lui, pour l’emmener à ses rendez-vous, lui faire suivre une autre thérapie, le faire rencontrer des spécialistes. Tu sais pas que ses parents, ils ont tout essayé, de la gymnastique au soccer, en passant par les scouts, la musique, l’art, l’ostéopathie, la médication et la thérapie, pour que cet enfant-là trouve sa place et développe une image positive de lui-même.

Tu sais pas que ses parents, ils ont pleuré de désespoir, tous les soirs, en se demandant ce qu’ils allaient faire pour passer à travers.
 
Quand tes enfants fréquentent cet enfant-là, tu as peur, ça t’écoeure, tu veux pas que ton enfant devienne comme lui.
 
Cet enfant-là, il n’y a pas si longtemps, j’aurais été la première à juger ses parents, à me dire que c’est effrayant, qu’ils n’en font pas assez, qu’il est « don’ ben mal élevé ». Mais c’est le mien cet enfant-là. Je comprends ce que les autres parents pensent, parce que j’ai peur pour mes deux autres petits, ses deux frères, qui vivent avec lui, avec nous.

Parce que je suis déchirée entre le désir de soutenir cet enfant et protéger les autres. Parce que j’ai tout essayé et je n’arrive pas à abandonner. Parce que parfois je le déteste, je n’en peux plus, mais c’est mon fils et que dans le fond, je l’aime tendrement, inconditionnellement.

Parce que « cet enfant-là », c’est le mien.
 
 

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