Ce matin, comme plein d’autres matins, je suis allée dans un café. J’ai bu mon habituel latte, pis j’ai jazzé ça avec un muffin poires et chocolat noir.
J’ai cette mauvaise manie de toujours regarder et écouter bien malgré moi (ok, pas toujours) les conversations et les caresses des gens des tables aux alentours. Peu importe où je suis. Je tends toujours l’oreille, mes yeux balaient toujours tout le monde.
Et ce matin, comme bien d’autres, je me suis demandée quand est-ce que l’amour décidait de s’effacer tranquillement et sournoisement, quand est-ce que l’amour, spécialement entre deux parents, s’estompait tout doucement, entre deux « je t’aime » et quelques baisers devenus plus routiniers.
Je regardais le couple à la table à côté, et je me suis passé un commentaire, ce genre de commentaire que je me passe tellement, mais tellement trop souvent : ils arboraient fièrement leurs anneaux de mariage, la fille était magnifique, le gars avait l’air doux, attentionné, il était lui aussi beau. Ils étaient beaux. Leur famille était belle. Leur petite était quant à elle adorable. Et pourtant, pourtant, l’amour n’était pas là. La conversation était amorphe, les mots avaient pris la fuite, les regards pleins de tendresse avaient décampé. Les cellulaires étaient au centre du déjeuner. La solitude de chacun aussi. Leurs deux solitudes parlaient bien plus fort que leurs cordes vocales. Il n’y avait que le rire de la petite pour rallier le couple à leur ultime amour – elle.
Mais où était cette passion qui un jour les a fait se marier? Se dire oui, pour la vie, pour le plus beau comme le plus horrible. Faire un bébé. FAIRE UN BÉBÉ. Si ça c’est pas l’engagement suprême, b’en que quelqu’un me dise c’est quoi. Je comprend que le samedi matin, à 10h, t’as pas tout le temps plein de coeurs dans les yeux, plein d’amour dans la bouche et les mains qui ne lâchent plus celles de celui qui est tien. Mais pareil. C’était froid. Pis ça m’a rappelé quelques-unes de mes soirées, quelques-uns de mes matins, de mes après-midis, froids et distants avec celui que j’appelais mon Homme, mon amour, mon complice. Je disais ces mots d’amour-là, mais leur signification réelle, elle, s’était perdue entre deux « oublie pas la vaisselle » et « faudrait racheter des couches, on est
short. »
Ça m’a rendu mi-nostalgique, mi-pensive, face à pourquoi l’amour ne semble pas pouvoir briller tout le temps aussi puissamment qu’aux débuts. Pourquoi le quotidien tue la magie, l’émerveillement. Pourquoi plus on connait quelqu’un et plus on partage notre foyer et nos moments ensemble, plus l’amour devient discret, plus la vie et tous ses tourments prennent le dessus, pis pourquoi on ne lui met pas un frein en choisissant de prioriser la pureté qui nous a d’abord fait craquer pour notre complice?
Je me suis posé toutes ces questions et tellement d’autres, je pourrais écrire 4 h sur ce sujet-là. Je pense que je vais me coucher dans ma tombe sans rien avoir saisi de la subtilité qu’exerce le temps sur l’amour, sur l’affection, sur l’admiration. Pourquoi quand on possède quelque chose, qu’on partage un sentiment qu’on a tellement souhaité, alors ça se ternit et ça se met à moins nous briller dans la face pour nous rappeler la chance qu’on a de vivre une partie de ce qu’on a toujours souhaité?
Pourquoi? Ça va être juste ça, simple de même, ma question finale. Le savez-vous, vous, pourquoi?