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L’histoire de Joe Tannant, cinquième partie
Crédit: The latino journal for addiction professionals

(À lire : premièredeuxièmetroisième et quatrième partie)

On louait la maison en attendant mon héritage. Je ne savais pas quand je l’aurais et honnêtement, ça m’importait peu. Je ne voulais pas m’en servir pour acheter cette maison, dans cette ville, à ce moment, avec lui.

Il me faisait appeler ma tante, la liquidatrice, une (gentille) femme avec qui je n’avais eu aucun contact depuis le décès de mon père, pour lui demander une avance. Genre deux fois par mois. À ce jour, elle ne sait pas que ces demandes ne venaient pas réellement de moi.

Faute de paiement, nous avons dû quitter notre somptueuse demeure. Pour une luxueuse dompe située au premier étage d’une maison ultra ghetto… juste au-dessus des propriétaires; un couple âgé à qui j’ai dû raconter que mes cris/pleurs faisaient partie de la pièce de théâtre qu’on répétait.

C’est dans cet appartement que j’ai vécu la vraie Femme Battue Life. Je vous épargne les détails. Mais je vous parle de la fois où moi aussi, j’ai été violente.

Crédit photo: Marie-Ève Saucier
 

Lors d’une promenade, il m’a fait péter un plomb. Je lui ai foutu une droite, dans sa face de marde. Il saignait, parce que man, j’ai une bonne droite. Il m’a menacé d’appeler la police, car je lui avais ouvert la lèvre (encore fière de ma shot aujourd’hui, #SorryNotSorry). J’ai fait une espèce de crise. Une crise de panique, je crois. J’avais du mal à respirer, ma tête tournait, j’ai dû m’asseoir sur le trottoir. Un homme nous a vus, il a appelé l’ambulance et est resté avec moi et un Joe Tannant visiblement fake inquiet et réconfortant.

J’ai refusé qu’il monte dans l’ambulance avec moi. Alors que les portes se refermaient, il m’a soufflé : «Tu fakes bien.».

À l’urgence, j’ai expliqué que j’ai fait une petite crise de panique et que j’allais mieux. La médecin a quand même tenu à m’examiner.

Des sons étranges ont envahi la petite salle d’examen. Des sons chauds, saccadés, successifs. Des sons qui me laissaient un peu froide, bien que mon instinct me disait que j’aurais dû être émue.

« On entend son coeur. Il est vivant. »

Je n’ai pas réagi.

« Est-ce que ça te rassure? »

J’ai dit que oui.

Je ne me souviens plus de ce que je ressentais à ce moment. Mais je sais que j’aurais dû répondre : « Non, je ne suis pas rassurée parce que je m’apprête à donner la vie tout croche avec un tout croche pis j’suis en train de fuck up une vie parce qu’un fucked up fuck up toute la mienne, AIDEZ-MOI. »

J’sais pas si c’est parce que ma phrase contenait trop de fuck, mais j’ai juste dit que oui, j’étais rassurée d’entendre le coeur de mon bébé.

J’ai oublié beaucoup de choses dans ma vie. Mais le son de son coeur. Tout et rien à voir avec celui d’Albert et Livia.

Parce que je savais que j’allais aimer ce petit coeur de tout mon être. Mais mon coeur craignait que ce petit être ne se sente pas aimé.

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