Je vous avertis d’emblée, je me plains le ventre plein. Mes petites lamentations de fille gâtée ne sont rien en comparaison aux VRAIS drames qu’ont vécus certaines autres mamans en ce jour vénérable, mais aussi à tous les jours de leur vie de maman.
Parce que des fois, nous avons le goût de déverser notre fiel, que nous sentons le besoin de parler de nos bobos d’âme. Que ça fait donc du bien de sortir le méchant. Et aussi parce que ma collègue Annie-Pier Couture, belle maman guerrière aux mots tout l’temps si apaisants, m’a dit que « le pire malheur, c’est toujours celui que l’on vit ».
Ben, voilà. En cette journée spéciale, j’ai ressenti le besoin de sortir mon trop plein. Je n’avais pas nécessairement d’idée précise de ce que serait ma journée de fête des Mères. Je me l’imaginais juste douce et simple. Et j’avais hâte de découvrir les œuvres d’art que mes enfants m’avaient confectionnées avec amour de leurs petites mains.
So, voici le résumé de ma journée supposée « spéciale », devenue plus qu’ordinaire. Samedi soir, 23 h 00, grande fille feel pas. Samedi soir, 23 h 30, grande fille vomit. La nuit s’annonce mal. Je gère du vomi une bonne partie de la nuit.
Dimanche matin, 4 h 00, DONC jour de la fête des Mères, la plus jeune me sort d’un sommeil léger en criant « j’ai fait pipi au lit!! ». Alors les yeux collés, je vais et viens entre un torchage de matelas full pipi et une assistance de préposée au bol à vomi.
Au petit matin, sans avoir l’impression d’avoir dormi, la petite Mila me saute dessus en me suppliant de lui mettre le film Paddington (Coup de cœur de toute la famille. Un film merveilleux. J’en ferai un autre billet). Pendant un instant, je me suis dit que j’allais réveiller l’homme et me recoucher. C’est la fête des Mères après tout.
Fait que je fais une grosse batch de café. On est dimanche, c’est vrai, nous recevons la belle-famille, pour combiner fête des Mères et la fête de Mila, qui aurait dû avoir lieu la semaine passée, mais la gastro avait déjoué nos plans le jour de ses quatre ans! (t’sais, le karma?).
Cernée, mal habillée pis les cheveux séchés au gré du vent (lire laittes!), je cours avec Mila pour les commissions de dernière minute pendant que papa prend soin de grande fille. Évidemment, je feel cheap de la laisser, m’imaginant qu’elle serait mieux dans mes bras. Pendant les commissions, d’un pas stressé et pressé, je me pose 1000 questions : intoxication alimentaire ou gastro? On annule ou on reste tranquille? Ça fait quand même deux semaines qu’on annule. La fête de Mila avait été annulée parce qu’elle avait la gastro. On assume ou on règle ça une fois pour toute? Mila a droit à une fête quand même. Elle a droit a SA fête. Fuck off! On le fait. Les téméraires seront présents, les prudents se reprendront.
C’est avec la moustache suintante, le trou d’cul en d’sous du bras pis l’espoir d’une belle journée que j’accueille la famille. Tout s’est relativement bien passé. Mais ça s’est gâté.
Pendant que je m’en veux d’avoir décidé de recevoir à la fête des Mères en me mettant toute cette pression sur les épaules, les esprits familiaux s’enveniment. L’atmosphère est lourde et est parsemée de malaises. J’ajoute sur le tas un sentiment partagé de vouloir exprimer ma joie en regardant ma Mila qui développe ses cadeaux (qu’elle espérait depuis deux semaines) et ma culpabilité de maman qui n’est pas entière envers ma Emy malade, couchée sur moi.
Nous avons commandé du St-Hubert ce soir là. Je l’ai mangé, le cœur sur le bord des lèvres. Parce que je venais de ramasser un Xième vomit. Parce que j’étais déçue de ma journée. Parce que je m’étais imposé un stress inutile en cette journée supposément spéciale. À force de la souhaiter géniale, je l’avais scrapé.
Ce soir-là, mon chum m’a fait couler un bain.« Je m’occupe de tout. Va te reposer. » Il m’a versé une coupe de vin beaucoup trop pleine. J’ai relaxé jusqu’à ce que Mila vienne s’asseoir sur la toilette et m’énumère tous les cadeaux qu’elle avait reçus (merde, j’avais oublié de barrer la porte!). Je l’ai trouvé cute et c’est à ce moment que je me suis trouvée chanceuse d’être une maman. D’être leur maman.