Je t’ai posé un lapin, mon amie. J’ai choké. Ce soir encore, je ne suis pas au rendez-vous.
J’ai prétexté une gastro, je crois. J’ai inventé une excuse pourrie. Une de plus.
Au lieu de siroter un verre avec toi. Au lieu de prendre soin de nous, de te raconter mes journées pareilles et d’écouter tes montagnes russes, j’endors un bébé. D’un balancement à l’autre, je disparais de ta mémoire. Je deviens hors-circuit. Je tire un trait sur ma vie.
Je sais, je suis pathétique. Je ne dors pas beaucoup. Je suis à fleur de toute.
J’ai peur de te perdre.
Je n’ai plus le temps de m’occuper de toi, ni de rien. Même les plantes offertes par ma mère, celles qui ouvrent et referment leurs feuilles soirs et matins, celles qui fleurissent saison après saison, fanent sur un bout de table.
Je n’ai plus la force.
Depuis que je suis maman, je suis une mauvaise amie, avec toi avec tout le monde. Les rencontres, je les annule une à une. Je suis celle qui est déterminée le jeudi matin. Celle qui coche « participe » à tous les événements annoncés sur Facebook et qui ne s’y présente jamais.
C’est plus simple de t’envoyer des textos. Ou une vidéo pour te dire que tout va bien. Derrière mon écran, je n’ai pas besoin d’être cute.
Pour te voir, il faudrait qu’après avoir passé la journée à ramasser de la merde, de la morve, du vomi… je tente de m’arranger un peu un bout de coiffure et un brin de maquillage; pendant que hurle mon bonheur-de-bébé.
Il me faudrait achaler une gardienne, aussi. Quitter le bruit pour retrouver la cacophonie d’un 5 à 7.
Juste pour te dire coucou, je pourrais oser apporter mon bébé (peut-être). Je pourrais la parker entre nous. Et que nous essayions de discuter.
Au lieu, je resterai chez moi. Je me coulerai un bain. L’eau tiède me donnera l’impression d’être détendue. Puis j’écrirai un peu, comme avant. Pour une petite heure ou deux. J’aurai l’impression d’être « moi ». Ce sera silencieux.
Mais, t’as raison, je ne suis plus du tout funny. J’ai plus rien de YOLO.
Mais si t’en as envie, attends-moi un peu. Il paraît que ça passe. Que tout passe. Qu’avec le temps tout s’en va. S’il te plaît, reste.
Est-ce que la maternité vous fait perdre des amitiés?