La guerre, la guerre ! – Quand la littérature jeunesse aide à démystifier des questions d’adultes.

Récemment, j’ai fait un constat. Mon fils de 5 ans 1/2 (qui en a l’air de 6 selon ses dires!) commence à comprendre que les adultes, b’en, ils ne sont pas toujours gentils. Qu’il y a même des adultes qui se font mal par exprès. Qui tuent par exprès!

Est arrivé entre mes mains l’album Sylvestre s’en va-t-en guerre¹ de L’École des loisirs. Ça m’a fait penser à l’histoire de Malbrough qui s’en allait guerroyer, laissant derrière lui sa bien-aimée, mironton, mirontaine, une bien-aimée qui deviendra veuve. Cette chanson, aux timbres fanfarons, raconte pourtant une histoire d’une tristesse sans nom : celle des horreurs commises par les hommes.

Dans son livre, Stéphane Henrich, raconte sur le ton de la lourde légèreté, la guerre, la Grande Guerre, celle de 1914-1918.

C’est par les yeux de Sylvestre – le pigeon voyageur à la retraite – que la guerre nous est candidement narrée.

Mobilisé pour aller à la guerre, tout comme son ami Léon le fleuriste, Sylvestre laisse derrière lui sa douce colombe Célestine. Qu’à cela ne tienne, il est content de partir en voyage pour livrer à nouveau des messages. 

Crédit : Emilie Sarah Caravecchia
 

Mais bon – à la longue -, même s’il s’amuse bien, le temps est long. Il fait froid dans les tranchées. Il y a des rats, des puces. Il s’ennuie de sa belle Célestine.

Un jour, tout éclate. Ses amis soldats et pigeons sont blessés… tués. Sylvestre voit Léon allongé, inerte. La guerre perd tout son charme. Elle est cruelle. Il vole à son secours. Il sauve Léon. 

Pour eux, la guerre prend fin. Pour les autres?… Elle continue.

Estropié, Léon reprend sa vie de fleuriste, et Sylvestre, lui, ne veut plus jamais qu’on lui parle de la guerre.

Ce texte rempli d’ellipses permet au lecteur de compléter (ou non) les horreurs de la guerre. Les aquarelles sont équivoques. L’horreur est suggérée plus qu’elle n’est montrée. Ça permet de jauger et d’évaluer ce qui peut, ou non, être dit aux plus sensibles. 

Pour le reste, la guerre n’est pas expliquée, car au fond, rien ne peut expliquer l’absurdité de la bêtise humaine. Ne demeure alors que la fraternité et la solidarité entre les êtres. Et cela, l’histoire l’illustre merveilleusement bien! 

Crédit : Emilie Sarah Caravecchia

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¹ Stéphane Henrich, Sylvestre s’en va-t-en guerre, Paris, L’École des loisirs, coll. « kaléidoscope », 2014. Le livre a été offert en service de presse par les éditions Gallimard/Jeunesse.