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Profs et préjugés – Partie 1
Crédit: Emilie Sarah Caravecchia

Les professeurs ont mauvaise presse. Les préjugés sont légion. Ils fusent de toutes parts. C’est gras dur un prof. Ça se sait!

Aujourd’hui, j’ai envie de défaire quelques préjugés. J’en ai marre du mépris.

Vous direz que mon opinion est biaisée. J’en suis! Reste que je pense avoir un esprit assez critique pour ne pas jouer la démagogie de nos détracteurs.

Top 3 des préjugés contre les profs

1. « Les profs ont de grosses vacances! Pis TSÉ ce sont mes impôts qui paient ça! » 

D’accord, nous avons 8 semaines de congé l’été et je ne vais pas m’en plaindre. Cela dit, ces 2 mois, ils sont à NOS frais. Quand on a un temps plein, notre salaire – les 44 semaines travaillées – est réparti sur 52 semaines. C’est tout! Et les précaires qui n’ont pas de temps plein? Ben… c’est ça… Ils n’y ont pas droit.

J’ajouterais aussi qu’un prof, même s’il est payé 35 heures par semaine, en travaille pas mal plus que ça! Du travail à la maison, il en ramène presque tous les jours. Oh et les soirs, les fins de semaine et l’été, le prof, il fait quoi? Il prépare ses cours. Un prof, ça ne punch jamais out. Ça pense pas mal tout le temps à ses cours, c’est comme un TOC. Les idées surviennent même en vacances, perdu au fond du bois.

Oh et pour l’argument des impôts! S.V.P., les profs, eux aussi, en paient! 


2-. « Ben là, c’est facile être prof. Moi, je la prendrais ta job! J’serais bon. J’aime ça parler. »
Source : The Frisky
 

À ce mythe-là, j’en invoquerais un autre : l’enseignement, c’est une putain de vocation. Un prof, c’est PASSIONNÉ par sa matière et ça s’investit pour aider ses étudiants, les doués et ceux qui le sont moins, ceux qui vivent une peine d’amour et ceux dont les parents ne sont pas présents ou qui le sont trop (Les parents-hélicoptères! Plein de plaisir!). C’est sans compter ceux qui ne mangent pas à leur faim et les autres dont l’arrogance donne des envies de …

Imaginez quand on ajoute à ça l’enseignement (quand les profs du primaire et du secondaire réussissent à en faire. Discipline u know!), la préparation de cours, la correction, les rencontres, les réunions, les comités, les assemblées, etc.

« Un enseignant sur cinq travaille chaque jour dans un état de détresse psychologique, soit près du double de ce que l’on trouve dans la population en général, et près de 60% des enseignants éprouvent des symptômes d’épuisement professionnel au moins une fois par mois1.» 

Quand vos amis profs chialeront contre leurs étudiants, leurs corrections, leurs préparations, demandez-leur comment ils vont et faites-leur un câlin. 

Crédit : Emilie Sarah Caravecchia

3. « Les profs, ils enseignent toujours la même chose. » 

Ce mythe des profs qui enseignent la MÊME chose pendant 35 ans, il est tenace. Et s’il y en a qui le font, c’est une très infime minorité.

Je l’ai dit plus haut, il faut être passionné pour enseigner, et un passionné, ça renouvelle sa matière. Mes cours – et ceux de mes collègues de tous les niveaux – sont de constants work in progress

Enfin…
Reste que malgré tout ÇA, être prof, c’est la plus belle des professions. Imaginez, j’ai un accès privilégié à la jeunesse dans ce qu’elle a de plus beau, de plus fragile, de plus fort et de plus troublant. 

Je suis privilégiée d’être une prof, pour ÇA et pas pour mes 2 mois de vacances. Sinon, pour finir d’enfoncer le clou de ce préjugé, je répéterai ce qu’un oncle m’a déjà dit: « Mes deux mois de vacances, je les gagne à coup de soirs et de fins de semaine travaillés pendant l’année. »

Trouvez-vous que les professeurs de vos enfants reçoivent le respect social qu’ils méritent?

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1 Denis Jeffrey, Souffrances des enseignants, Les Collectifs du Cirp, 2011 Volume 2, p. 28 à 43.

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