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Ma soeur est différente, mais on fait semblant que non…
Crédit: venturebeat.com

Ma soeur est différente. Elle l’a toujours été. Mais personne n’en parle dans ma famille, c’est tabou. On ne trouve pas les mots pour expliquer sa condition. Elle n’est pas diagnostiquée…on ne sait pas si elle devrait l’être.

Mes parents sont parfaits. Vraiment parfaits. Mais ils sont aussi très rationnels et logiques. Je pense qu’en toute bonne volonté, ils se sont dit qu’il valait mieux la traiter comme une enfant/adolescente/adulte normale afin de lui donner la chance de se développer.

Je crois qu’ils ont fait fausse route.

Ma soeur cumule les échecs : scolaires, amoureux, personnels, professionnels. Elle se cherche, ma soeur, et on ne sait pas comment l’aider. Elle se réfugie dans le monde virtuel et dans la nourriture. Elle est fragile, sensible. Un journée ça va, l’autre, on n’est plus trop sûrs…

Ça me ronge de l’intérieur parce que je choisis d’ignorer, moi aussi parfois. Parce que je ne sais pas quoi faire. Parce que je ne la comprends pas. Elle a du mal à s’exprimer, à interagir avec les autres, se ferme rapidement quand on s’intéresse à elle, comme si elle perdait le fil de ses mots. Elle n’a pas beaucoup d’amis, pas de copain. 

Maintenant que je suis moi-même maman, je réalise que les choses ont beaucoup changé. Beaucoup de maladies ont perdu de leurs tabous. Ce n’est pas encore parfait, mais j’ai l’impression que les parents d’aujourd’hui ressentent un certain soulagement (après le désarroi) quand un diagnostic est posé sur les symptômes de leur enfant. Ils savent maintenant comment l’aider et connaissent mieux ses limites.

Avoir un enfant m’a fait réaliser que je ne sais pas si ma soeur sera en mesure de vivre seule une fois mes parents partis. Peut-être que oui. Peut-être que non. Dans le cas où ce ne serait pas possible, elle vivrait avec ma famille et moi. Je ne pourrai plus faire semblant, car je serai confrontée à ses défis chaque jour. Pourquoi je continue de faire semblant alors? Je me sens tellement égoïste…

Je suis maman maintenant. Et ça ne m’a pas plus éclairée sur comment je peux l’aider. Être maman ne vient pas avec tout le savoir dont on a besoin pour aider un enfant à s’épanouir. On a besoin de ressources et je me suis promis de les utiliser toutes. Parce que je suis encore moins parfaite que mes parents…

Avez-vous un enfant ou un proche avec qui vous vivez une situation semblable? 
 

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