Mercredi 8 avril 2015. 21 heures et quelques. Je berce doucement Simone. C’est mon soir pour l’endormir. Je scroll machinalement sur Facebook pendant que mes paupières s’alourdissent tranquillement. Puis, je vois ça passer :
Seriez-vous plus à l’aise d’élever une fille ou un garçon?
Rapidement, je crois à un billet ironique comme le proposent plusieurs sites web trendy où on me vante les mérites d’une ville en m’exposant, par exemple, les « 36 raisons de ne pas visiter
Prague ». Je clique en souriant.
POUF! Vision d’horreur! Le maître des zinternets me dirige vers un psychotest sur la plateforme d’une chaine de télé respectable acceptable dont la clientèle cible est la « p’tite madame ». Je cherche encore, au moment d’écrire ces lignes, le second degré de ce test.
Ligne après ligne, on nous propose un amalgame de superbes stéréotypes teintés de rose et de bleu dignes des années 40. Je le remplis avec la même face que quand j’ai réalisé qu’à mon insu, je publiais des pubs de lunettes de soleil avec des super rabais sur ma page Facebook.
Sérieusement? S-É-R-I-E-U-S-E-M-E-N-T?!?
Voulez-vous pouvoir « habiller » vos enfants?
Au moment de valider mes réponses, je souhaite encore qu’on me réponde que peu importe si j’ai un garçon ou une fille, je serai un parent awesome qui fera de son mieux pour élever ses enfants et les accompagner dans leur vie pour devenir des bons adultes de demain, impliqués dans leur milieu, aimants et empathiques. Je prie pour que ce psychotest soit une blague ironique qui me fasse me dire : « Lolilol! J’aurais dû m’en douter! »
Vous avez coché plus de camions et de sports de combat? Vous avez ce qu’il faut pour survivre à un garçon! Parce qu’on le sait, si l’échographie vous fait découvrir une bizoune de gars, bonne chance! Vous allez en baver! Les garçons sont compétitifs, préfèrent les jeux masculins (avec la barbe, le poil, les fusils pis toute). Continuez à ne pas vous inquiéter, les gars sont des téméraires, des hommes, des vrais.
Qu’on véhicule encore les mêmes hosties de débilités profondes qui font qu’encore aujourd’hui, en deux mille fucking quinze, des articles (ou des pop-psycho tests de merde) excessivement sexistes passent sous le couvert de la parentalité. Parce que, t’sais, avoir un gars, ou avoir une fille, c’est teeeeeeeeeeellement différent et qu’il existe bel et bien certaines réalités propres à chacun des sexes.
Ça, ou le fait que quelqu’un, quelque part, dans les bureaux de la chaine de télé a dit : « Parfait. Mettez-moi ça online, c’est b’en bon ce test-là ». Sacrament! Comme ma collègue Marianne l’a si bien dit, les tests dans le Filles d’aujourd’hui étaient mieux montés, et moins stéréotypés que ça. J’suis certain que l’éditrice du Filles d’aujourd’hui aurait dit : « Heille! C’est qui qui a écrit ça, ce psychotest-là! C’est vraiment n’importe quoi! » Quand la fée de la jugeote est passée, y’en a qui avait la tête enfouie ben profond dans le sac de clichés.
Crédit : Publications TVA
Moi, je m’en vais jouer à la poupée avec mon garçon et habiller ma fille en bleu.