Couper le cordon ombilical.
Mettre un bouchon à mes seins.
Faire garder ma Laure ne serait-ce qu’une toute petite nuit.
J’EN ÉTAIS INCAPABLE.
Mais il fallait que les choses changent. Depuis un an, je ne dormais pas. Alors quand l’Amoureux a proposé de le suivre une semaine à Las Vegas (en congrès) sans notre petit-bout-d’espoir-de-bébé j’ai d’abord pensé « NO WAY! ». Puis j’ai réfléchi. Pendant des jours, j’ai pesé les « pour » et les
« contre ». J’ai fait un référendum. Le « oui » l’a remporté.
Nous avons mis notre amour-de-brin-de-fille dans les bras de la mamie. L’avion a tendu ses ailes. Pour la première fois, je me suis imaginé mourir. J’ai senti mon corps être arraché. J’ai imaginé que je m’enfuyais en sautant par la sortie d’urgence. Je me suis vu braquer une arme sur la tempe du pilote, pour retrouver mon bébé.
Je ne savais pas.
Dans une chambre d’hôtel perdue dans le désert, dans un lit gigantesque et doux, j’ai dormi, dormi. Toute une nuit, blottie dans le silence. Une nuit pleine. Sans sursauts. À rêver, enfin. Et à se réveiller chargée d’énergie, enfin!
Nous avons fait l’amour, aussi. L’amour comme dans les films. Comme dans les rêves. Sans crainte. Sans être trop épuisés pour vraiment le faire. Nous avons fait l’amour comme avant. Comme si nous respirions après avoir gardé le souffle, pendant un an.
Désert et montée de lait
Je me suis assise en indien, les fesses posées sur la terre asséchée, face à la sécheresse à perte de vue. Mes seins gonflés voulaient se fendre comme des geysers. Je n’ai pas eu d’autre choix que de les vider. Là, dans l’aridité à perte de vue, je me suis sentie, pour la première fois, tellement fertile et féconde. Moi, j’avais porté la vie. Moi, j’étais mère.
Pendant que nous roulions, des paysages d’étendue rouge remplissaient la voiture, en loop. J’avais des pensées juste pour moi. Je me sentais doucement égocentrique. Awwwww! Le bien que je ressentais. Comme si coupée des besoins de ma fille, j’étais enfin en dating avec ma tête.
Une semaine sans bébé, toutes les moms devraient y avoir droit.
Avez-vous déjà pris congé de vos marmots ? Est-ce que la séparation s’est bien déroulée?