Je suis repartie.
Si j’étais dans les filles de Caleb, j’aurais repris le bois en laissant mon homme en Emilie Bordeleau dans le fond du rang avec des couches à laver pendant que je me pacte la fraise à la taverne.
Si je me fie à la face d’une pseudo-collègue, je suis une mère irresponsable qui laisse la chair de sa chair à une inconnue dans une lointaine contrée africaine pas de téléphone pour envoyer des nouvelles par textos. Quand je lui ai dit que je laisse ma fille avec son PÈRE, ça ne l’a pas plus rassurée. « Moi, ça m’a pris des mois la laisser garder par son père. » J’ai pas fait de face, mais j’ai eu un p’tit goût sur dans la bouche.
J’ai arrêté de travailler pendant 15 semaines. Oui, fefille n’a que 3 mois et je l’ai abandonnée à son père.
Pour plein de raisons. Parce que je finis tôt, parce que j’aime ma job, parce que c’est un milieu où tu es mieux de ne pas partir trop longtemps. Parce qu’on a plein de p’tits travaux à faire à la maison pis mon homme pourra faire ça pendant son congé parental! Surtout, parce que c’est ce que nous avons choisi, LUI et MOI, pour NOTRE famille. Ben beau l’égalité homme-femme, mais dites-le à votre face des fois. Évidemment que je généralise, mais on a le jugement facile bien souvent.
Si j’avais hâte de remettre des culottes propres plutôt que mes joggings? Non. Oui. En fait, je n’y ai pas pensé. Pas une fois. Je me disais que le jour arriverait bien assez vite et qu’à ce moment-là, je retournerais divertir le grand Montréal avec plaisir (je suis animatrice-radio au 96,9 CKOI).
Il a quand même fallu que je m’exerce à reparler en phrase complète sans intonation de bébé, t’sais. La première journée, à chaque micro, j’avais envie de dire : « Fefille, maman t’aime! Ne m’oublie pas! » Ça a passé au bout de 3 jours. Je n’y pense presque plus. Pas parce que je ne l’aime pas, mais parce qu’elle est avec quelqu’un de CONFIANCE. Et qu’à vouloir être partout en même temps, on ne fait rien de bien.
« Ouais, mais ce temps-là ne repassera jamais. » C’est vrai. Ses 3 ans non plus, et ses 6, et ses 10. C’est son père qui voit passer son temps présent. (C’est toujours ben que 7 heures par jour…) Je suis contente pour mon homme. J’aime voir la complicité qui se développe entre les deux. J’attends avec impatience la photo/texto du kit qu’il a choisi et le rire que je vais avoir en constatant, comme une fois sur deux, que le cache-couche est à l’envers.
Chez nous, c’est 50/50. Sur le bill d’épicerie, sur l’Hydro qui ne cesse d’augmenter et sur l’éducation de notre fille. Surtout, nous sommes 100% en liberté de choisir.
Comment s’est passé votre retour au travail?