Mon premier accouchement m’a marquée. J’ai vécu tout le contraire de ce que j’avais imaginé. Ce qui s’est passé ce jour-là ne m’avait même pas effleuré l’esprit dans tout l’univers des possibilités. Une césarienne d’urgence. Un vomi sur l’infirmière. Un code rose. Une admission en néonatalité. Un autre vomi au moment où on essaie de me montrer mon garçon. Résultat : je le vois 5 heures plus tard!
Et finalement, un départ de l’hôpital sans bébé. Rassurez-vous, nous l’avons récupéré quelques jours après mon congé et aujourd’hui, il est en pleine santé. Plus de peur que de mal.
Je suis toutefois restée blessée de cette expérience. En matière d’accouchement rêvé, j’avais clairement foiré! J’ai refait le scénario des millions de fois dans ma tête, m’accusant toujours de ne pas avoir fait les choses correctement. J’en voulais même secrètement aux femmes qui accouchent sans difficulté.
Je suis tombée enceinte de mon deuxième rapidement. Un long neuf mois de préparation mentale pour le jour J. Question de me défier au maximum, j’allais essayer l’AVAC. C’était la seule voie envisageable, dans tous les sens du terme. Pas question de revivre une césarienne. J’ai lu des tonnes de livres, j’en ai parlé à qui voulait bien m’entendre, j’ai rencontré des gens et j’ai même eu recours à une accompagnante à la naissance. J’ai fait de la visualisation, je le voyais ce moment où enfin, il sortirait par la « bonne » porte et qu’on me le déposerait sur le ventre pour une séance de peau à peau.
Et puis, le grand jour est arrivé (le même jour où mon chum pensait avoir la gastro). Dans le temps de le dire, j’étais dilatée à 8. Je me pétais les bretelles, parce que ça allait vraiment bien. J’étais tout sourire, les contractions ne me paraissaient même pas au visage. Ma technique de gestion de la douleur était impeccable. Et puis, j’ai eu LA contraction qui te dit qu’il est temps que tu arrêtes de faire ta « smatte ». J’ai demandé à ce que l’anesthésiste débarque au plus vite dans ma chambre, sous peine d’aller le chercher moi-même.
Deux heures de poussées, aux deux minutes, avec une détermination à le faire sortir à tout prix. J’en avais besoin pour survivre. Le médecin était optimiste, la césarienne n’était plus une option, j’allais réussir cet AVAC.
Je priais en dedans, j’implorais ma défunte grand-mère de le faire sortir pour que je puisse vivre cet événement en bonne et due forme et que je puisse enfin faire la paix avec ma première césarienne. Les forceps étaient même installés, il en manquait si peu. Et puis non. Je n’allais pas connaître la totalité de ce qu’est un accouchement vaginal. Mon bassin intérieur est trop étroit pour le poids de mes bébés (vivement les rages de sucre). 9.5 livres de bonheur. Césarienne d’urgence à nouveau. Le jour de la marmotte.
J’ai pleuré à en avoir les yeux qui peinent à ouvrir. Je pensais que je ne m’en remettrais jamais. Je n’arrivais même pas à parler au téléphone à ma mère. Et puis, sous l’effet des médicaments, de la fatigue et de la chute d’hormones, contre toute attente, je me sentais de mieux en mieux.
Le lendemain, j’étais dans un état de zénitude impressionnant. En fait, mon sentiment de culpabilité et d’échec avait disparu pour faire place à un sentiment de fierté. Le fait de m’être rendue si loin et d’avoir eu des réponses à mon premier accouchement m’a permis de faire la paix avec moi-même. À refaire, je ferais exactement la même chose et je continue d’encourager toutes celles qui pensent à un AVAC.
Prendre la décision d’essayer un AVAC n’est pas un chemin sans embûches, mais il peut être la solution aux sentiments irrationnels que rencontrent certaines mamans ayant eu une césarienne. En passant, les statistiques démontrent que l’AVAC a un grand taux de succès. Même si je ne l’ai pas complété, il m’a réconcilié avec l’accouchement.
Avez-vous vécu un AVAC?