Vivre et laisser vivre. À chacun ses choix. Agir selon ses valeurs et en fonction des besoins de son enfant. Tous ces slogans de la parenté pointent vers un constat : il n’existe pas vraiment de consensus sur la façon d’élever un enfant, ni sur la façon d’être en tant que parent. Sauf peut-être pour une chose : la cigarette.
Je suis pas mal certaine que tout le monde, parent ou non, s’entend sur le fait qu’il ne faut pas exposer un enfant à la fumée de cigarette. Les risques pour la santé, notamment pulmonaire, sont connus. Pourtant, plusieurs parents exposent quand même leurs enfants à ce risque. Cet état de fait inavouable, je le tiens du médecin de mon fils qui voit pas mal de petits patients dans son cabinet dégageant une odeur de clope. Bien sûr, aucun parent ne lui a jamais avoué fumer à l’intérieur. Jamais.
Et je nous inclus, mon conjoint et moi, dans ce lot. Je ne fume pas et n’ai jamais fumé. Mon conjoint fume depuis ses 11 ans. Mon fils ne sent pas la cigarette. Mon appartement non plus. Mais mon conjoint fume à l’intérieur, sur le bord d’une fenêtre. Grâce à un courant d’air, aucune fumée visible n’entre à l’intérieur. La plupart du temps. Parfois, il fume en voiture. Nous avons bien sûr menti au médecin, comme tous les autres.
Malgré toutes les histoires, les rationalisations que nous pouvons nous faire, les « c’est pas si pire que ça », je sais pertinemment que la qualité de l’air que j’offre à mon fils n’est pas optimale et que nous l’exposons à des risques auxquels il ne devrait pas être exposé. Je sais que je faillis en quelque sorte dans mon rôle de mère en permettant ça.
Parce que, oui, je permets ça. Et ça me fait mal au cœur à chaque jour, à chaque cigarette. Mais je ne contrôle pas tout. Nous sommes deux dans cette aventure de la parentalité. Je ne suis pas seule. Mon conjoint fait ses choix et je ne peux pas le contraindre. J’ai essayé de l’envoyer fumer dehors, mais ça n’a pas duré. J’ai essayé de le convaincre, souvent. Je me suis chicanée avec lui à ce sujet, souvent aussi.
En fin de compte, j’ai laissé tomber cette bataille parce que je ne veux pas passer ma vie dans la confrontation. La cigarette, c’est probablement le seul défaut de père de mon conjoint. Il est impliqué, patient, aimant… mais souffre d’une dépendance. En tant que conjoint, je ne pourrais pas non plus demander mieux. J’essaie donc de me détacher, de cesser de m’en faire même si j’ai de bonnes raisons de m’en faire.
Tout en lui rappelant, de temps en temps, que ça me brise le cœur cette situation. Et en espérant un changement…
Suis-je la seule dans cette situation? Exposez-vous vos enfants à certains risques malgré vous?