Ton petit stress post-traumatique : une histoire de harcèlement psychologique en milieu de travail
Auteur.e AnonymeL’histoire que je vais vous raconter s’est déroulée en 2013. Oui, vous avez bien lu. En 2013.
Il y avait plusieurs années que j’étais à l’emploi d’une compagnie. Bien franchement, je n’aurais jamais pu me douter de ce qui m’arriverait.
Personne ne s’était jamais plaint de mon travail. Au contraire, je dirais même que j’avais été louangée à maintes reprises. On me disait souvent que mon travail était exemplaire. Que mon embauche avait été une bénédiction pour l’entreprise. Bref, que j’étais un atout majeur. Les augmentations de salaire allaient dans le même sens. Je me sentais réellement appréciée. Et surtout à ma place. Je sentais que je faisais partie de la famille.
Puis un jour, je suis tombée enceinte.
Joie dans mon coeur, soleil dans ma vie, papillons dans mon ventre, pis toute. J’étais réellement aux anges.
Je me sentais anxieuse face à l’annonce de ma grossesse au boulot. Je ne savais pas trop comment le dire. C’était une question de mots à employer et de timing plus qu’une question de réaction, mon anxiété.
Le jour de mon annonce a été le commencement de la fin.
Personne ne s’est réjoui pour moi. Au contraire, on s’est mis à m’ignorer. À me dénigrer. La graine qui poussait dans mon ventre, invisible à l’oeil nu, me transformait, aux yeux de mes patrons et collègues, en handicap majeur pour la compagnie.
En une minute, j’étais passée d’employée du mois à moins que rien.
Les semaines suivantes ont été un calvaire. J’étais une lâche. Une menteuse. Une manipulatrice. Ma grossesse était une maladie. Je dormais sur la job. J’étais une incapable, une bonne à rien, un boulet.
Je m’efforçais de mettre le paquet pour prouver à tous que mon travail ne serait pas affecté, bien au contraire. Que mon bonheur me rendrait encore plus efficace. De mon point de vue, c’était en effet le cas.
Mais du leur, je n’étais désormais plus nécessaire. Et ils se faisaient un plaisir de me le rappeler.
La suite des choses, je préfère la garder pour moi. Je peux seulement vous dire que ça n’a pas été rose. Ça s’est soldé par un arrêt de travail et plusieurs procédures.
Maintenant que je vais mieux, j’ai encore du mal à réaliser ce que j’ai vécu. Ce qu’on m’a fait subir.
Je n’arrive toujours pas à concevoir qu’en 2013, une telle situation s’est produite. Qu’en 2013, des employeurs aient eu l’esprit assez étroit pour m’harceler à cause du bonheur qui prenait vie en moi.
Et qu’ils aient placé un nuage noir au-dessus de celui-ci.
Pouvez-vous croire que de telles situations puissent encore se produire à notre époque?