« Angoisse, quand tu me tiens » – quand les petits bobos de mini font capoter maman.
Marie-Claude RoyerLaissez-moi vous raconter une histoire. Il est environ 11h, un samedi matin. Ma fille ne semble pas dans son assiette. Elle tousse. Elle est chaude. Inquiète, je prends sa température : elle fait de la fièvre.
Et voilà. Mon monde arrête de tourner. Tout va au ralenti, comme dans The Matrix. Je ne peux penser qu’à ça. Je dois en parler avec tout le monde : mon conjoint, ma mère, mes amies, la communauté Facebook toute entière. Ça ne m’aide pas vraiment à me calmer, mais j’ai besoin de le faire, c’est tout. Je ne mange plus, j’ai de la difficulté à dormir. Je passe mon temps à me coller la joue sur son front, pour voir si la fièvre a baissé.
Voilà à quoi ressemble ma réalité lorsque ma fille est malade. Qu’on se comprenne : je ne parle pas d’une grosse maladie grave qui nécessite une hospitalisation. Non. Il est question ici d’une fièvre qui passe toute seule après quelques heures, de maux de ventre bien anodins ou d’un manque d’appétit ou d’énergie spontané.
Mais pour moi, c’est la fin du monde. Je ne gère pas bien ça moi, les maladies. Si mon chum a mal au ventre, je perds l’appétit. Quand ma grand-mère était hospitalisée, je ne voulais pas aller la voir. Je devais me faire violence pour y aller et une fois sur place, je ne voulais qu’une seule chose : partir au plus vite. Mais quand c’est ma fille, c’est pire que pire.
Je n’étais pas comme ça au début, même que durant mon congé de maternité, j’étais un peu au-dessus de mes affaires, complètement zen et en contrôle. J’étais fière de me débrouiller toute seule avec ma fille quand mon chum a dû retourner au travail. Un jour, moi aussi j’ai dû retourner au travail et ma fille a fait son entrée à la garderie et, par le fait même, a commencé à être parfois malade. Et c’est là que tout a basculé.
Crédit : Marie-Claude Royer
J’étais tellement angoissée et j’avais tellement peur qu’elle tombe malade qu’il m’arrivait d’avoir de la difficulté à me concentrer. J’ai même dû, à deux reprises, appeler à la garderie durant la journée pour me rassurer que tout allait bien, parce que je n’en pouvais plus. C’est là que j’ai décidé de consulter.
Ça va mieux maintenant. Je ne panique pratiquement plus durant ma journée de travail. Par contre, quand elle est malade, c’est comme une rechute. Une fois qu’elle va mieux, ça me prend quelques jours pour arrêter de stresser. C’est épuisant vivre comme ça : je suis brûlée à la fin de mes journées. Personne ne comprend. Tout le monde essaie de m’aider. « Voyons, c’est juste un peu de fièvre, elle n’est pas en train de mourir. Calme-toi voyons! » Mais ça ne fonctionne pas.
J’ai peur de lui transmettre toute cette angoisse, tout ce malaise. Et j’ai peur aussi qu’elle voit ma faille et qu’un jour, elle l’exploite, voyant bien qu’en me disant qu’elle a bobo quelque part, je vais me jeter sur elle et lui donner douze fois plus d’attention que nécessaire. C’est un travail de chaque instant. Un jour, j’y arriverai… peut-être.
Comment réagissez-vous quand vos enfants sont malades?